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Retour en l’an de grâce 1993 par ce bouillant été 2016. Si Rocket Knight Adventures était un glaçon pour rafraîchir son verre, avec Flashback, c’est carrément le plongeon en eaux profondes. Mon fils de 6 ans a adoré regarder ce jeu que je considérais de loin comme étant le meilleur de la bonne vieille 16 bits de Sega.
Je ne suis pas le seul à penser celà, même si le jeu n’est pas une exclu de la Megadrive et qu’il a pris des rides – il est d’ailleurs plutôt mis à mal par les émulateurs question son et animation. Mais Flashback c’est avant tout un gameplay et un scénario bien à lui.
Le gameplay de FLASHBACK
Le gameplay est étroitement lié au graphisme et à l’animation : c’est l’époque d’Another World et de Prince of Persia, tous deux très proches de Flashback. Ce dernier propose néanmoins, en plus des acrobaties habituelles du personnage, une esthétique globalement cyberpunk que j’aime tout particulièrement. En outre, contrairement à ses prédécesseurs, Flashback se distingue par un petit menu d’objets intéressant auquel on accède en mettant sur pause. On peut donc engranger des clés d’accès, des crédits, des objets de quête, ou des accessoires stratégiques. Ne nous y trompons pas : malgré la présence de puzzles qui nécessitent souvent d’aller et revenir dans chaque niveau, le jeu reste parfaitement linéaire.
(Remaster Switch)
Flashback reste accessible au vieux joueur plein d’arthrose et de mômes que je suis et tire intelligemment parti des trois boutons de la manette : A : action (sauter, activer) / B: utiliser objet / C : dégainer-rengainer le flingue / Start : la pause, pour choisir l’objet à attribuer au bouton B. Notez que tout celà est paramétrable dans le menu principal su jeu. Niveau jouabilité, le temps de réaction du personnage lorsqu’il saute peut être assez crispant pour certains (moi non, car j’ai trop joué à Prince of Persia et Another World). Et il y a cette manip pour s’agripper automatiquement après un saut, à connaître absolument à partir du début du niveau 2 : il faut courir en avant puis relâcher la croix de direction, laissant seulement le A enfoncé. Bon : ça peut encore aller.
Mais dans l’ensemble, le jeu est plutôt difficile, notamment à partir du niveau 4. Il y a parfois des bornes de sauvegarde (c’est assez long d’attendre à chaque fois) qui permettent juste de ne pas tout se retaper en cas de mort subite – et il y en a souvent des morts subites, en plus des combats, parfois assez durs ! Voilà : ça reste le jeu à l’ancienne, et il m’aura fallu 3 après-midis pour en venir à bout. Heureusement qu’il y a un système de mots de passe bien pratique (un mot de passe par niveau).
Le scénario de FLASHBACK
Le scénario est un véritable hommage à la SF des années 70 à 80. Les références explicites sont nombreuses, notamment aux films suivants :
– Total Recall de Paul Verhoeven (1990) pour le début du jeu, où le héros se retrouve sans mémoire et finit par la retrouver grâce à un siège bien design :
– Star Wars de George Lucas (1977) pour la présence de l’holocube au premier niveau (et l’explosion finale de la planète morph) :
– Invasion Los Angeles de John Carpenter (1988) pour les lunettes qui détectent les extra-terrestres cachés parmi la population. Un film méconnu, qui a également inspiré Duke Nukem 3D, à découvrir ne serait-ce que pour sa scène de baston mythique… !
– Blade Runner de Ridley Scott (1982) pour la présence de réplicants au niveau 2, l’esthétique de certains niveaux et le look général du héros, celà va sans dire :
– Running Man de Paul Michael Glaser (1987) tiré d’un roman de Stephen King pour le stage 3, le Death Tower Show, émission de téléréalité où l’on doit jouer sa vie :
– Aliens de James Cameron (1986) pour l’esthétique de la planète extraterrestre (ci-dessous) et le sommeil cryogénique final dans le vaisseau à la dérive… !
Et il y en a forcément d’autres que j’oublie.
Un vrai flashback, donc, le jeu n’usurpe pas son titre ! Pas étonnant qu’il ait eu un grand nombre de fans. Mais Flashback est plaisant avant tout car il s’agit d’un jeu mêlant action et réflexion, avec de très nombreuses cinématiques, faisant de ce jeu un objet cinématographique expérimental. Du cinéma en jeu vidéo bien avant l’heure, un véritable précurseur, alors que les deux genres sont désormais clairement interpénétrés, le jeu vidéo explosant parfois carrément le septième art. Grâce à ce Flashback qui, dès 1993, voulait exploser ce septième art, notre génération savait que cette heure là viendrait : il ne nous restait plus qu’à attendre, plongés dans notre sommeil cryogénique…
L’aspect cinématographique du jeu n’aura d’ailleurs pas échappé à mon fils : rien de tel que ces mini séquences visuelles et narratives pour captiver un gosse spectateur (parce que les puzzles, dès fois, ça gonfle un peu tout le monde). Anecdote papagamer : en toute fin de partie, lorsque toutes les cinématiques on défilé au générique, mon petit de 6 ans m’a récapitulé chaque scène en la remettant dans son contexte : « là c’est quand il retrouve la mémoire » ou alors « là c’est quand il rentre sur terre » ou enfin « là c’est quand tu t’es fait désintégrer par le feu vert » (vous remarquerez le changement de pronom personnel).
Je n’aurai rien à dire sur le remake 3D de 2013 qui est à Flashback ce que le remake 3D de Rocket Knight est au Rocket Knight original. Une fausse bonne idée, en l’occurrence !