Temps de lecture : 4 minutes
Post garanti sans spoilers.
A chaque sortie Star Wars (à l’exception notable de Solo – A Star Wars Story) je me suis retrouvé en salle en day one avec mes garçons et ai toujours balancé ma critique à chaud sur le site, critique toujours hyper positive parce que je suis bon public : voir les posts sur episode 7, rogue one et episode 8. Ma critique ne sera peut-être pas aussi positive aujourd’hui. Pourquoi ? Est-ce que quelque chose à changé en moi ? Ou est-ce que quelque chose a changé en Star Wars ? Ou est-ce l’éloignement de ma famille suite à mon divorce qui a rendu les choses moins fun ? Ou bien ne serait-ce pas plutôt un mélange de tout ça qui m’inciterait à tourner la page ?
Bref. Je sors tout juste de l’épisode IX, que j’ai maté avec mon fils de 10 ans (le grand en ayant 19, il a désormais autre chose à f…), et je sens comme un arrière-goût d’inachevé, ou de déception. Même pas de nostalgie ou de sentiment quelconque de tristesse parce que tout ça est fini, entendons-nous bien. Pour tout dire, je n’ai même pas ressenti ce frisson au lancement du générique aux lettres jaunes défilantes. Pourquoi ? Parce qu’on SAIT que Disney va continuer les films d’une manière ou d’une autre. On le sait. C’est une évidence économique. Donc ça change tout aux attentes du spectateur. Il n’y a pas de côté fatidique à voir ce film.
Rien à voir, donc, avec les attentes frénétiques du début de La Revanche des Sith en 2006, qui nous amenait inexorablement à cette fin lugubre pour Anakin Skywalker, et qui ne laissait pas spécialement présager de suite. Pour Episode IX, je n’attendais tellement rien, à part une fin Disney où les gentils gagneraient. D’ailleurs, rien à voir non-plus avec la conclusion d’un Retour du Jedi en 1983, qui clôturait de façon très classique la première trilogie rondement sur elle-même, dans une grande célébration finale douce-amère où l’équilibre est restauré mais où Luke doit faire un deuil paradoxal du père qui lui apparaît sous forme de fantôme (on sent du coup qu’il n’a pas fini d’en baver) ! C’étaient les années 80 les amis. Ok boomer. Dans les salles c’étaient pas les mêmes types de films de SF qu’aujourd’hui.
Dans sa direction artistique et scénaristique, cet épisode IX offre un nouveau contrepoint à l’épisode VIII, qui tranchait déjà radicalement avec l’épisode VII, voire avec toute la saga Star Wars, ce qui n’était pas forcément pour déplaire. Ainsi, c’est le Retour du Abrams : le masque de Kylo Ren est restauré, on retrouve les ruines des anciens vaisseaux, ainsi que les vieilleries canoniques Star Wars remises en scènes avec brio, de beaux décors et de belles planètes… c’est cool, mais c’est un peu long pour imposer une guéguerre des égos de réalisateurs. 2h30, punaise ! Bon, j’avoue que j’ai pas trouvé le temps si long que ça, mais je tiens à dire que film a eu un peu les yeux plus gros que le ventre, et aurait pu gagner en efficacité niveau timing.
Je spoile pas, car tout le monde l’a vu dans les bandes annonces, mais la réintroduction de Palpatine manque décidément de cohérence. Seule l’histoire et le recul diront si ça fonctionne, si cette nouvelle approche de l’histoire familiale, de la mise en scène épique de la psychogénéalogie et du conflit entre les générations, tiendra dans le temps. Je me permets d’en douter, vue la virulence des critiques sur cette nouvelle trilogie, et la qualité artistique et narrative de nombreux films qui sortent de nos jours.
Pour les bons points : on retrouve avec plaisir les personnages habituels des deux opus précédents, qui évoluent de façon intéressante, et pour une fois Adam Driver est à peu près convaincant. Il y a des moments très émouvants et inattendus. Les effets spéciaux sont toujours top, les décors aussi, la musique tient la route, sauf peut-être lorsque le thème principal est repris en grande pompe à un moment donné, de façon un peu saugrenue. Bref, au niveau visuel et sonore, c’est du véritable space opera.
Pour les mauvais points : on regrette un peu que ce dernier opus ne s’appuie pas davantage sur les pistes lancées dans les films précédents – y compris la trilogie des années 2000 – et fasse tout reposer sur le seul empereur Palpatine pour boucler le projet Star Wars. La thématique liée à ce dernier n’est cependant pas dénuée d’intérêt et est à mettre en parallèle avec celle de Lord Voldemort dans Harry Potter (voir ici, en fin de post, pour analyse détaillée). Mais là où chez le célèbre sorcier cette thématique puise sa force dans sa récurrence (puisqu’à chaque film/livre, Voldemort apparaît pour tenter de tuer Harry) là ça tombe un peu comme un cheveu sur la soupe. Enfin, les défauts de mise en scène dus à la disparition prématurée de la regrettée Carrie Fisher feraient presque sortir le spectateur du film.
Alors voilà, il y a un petit côté saison finale de Game of Thrones : les showrunners sont fatigués, il faut finir, on plaque un boss final, on saupoudre de références à la pop-culture, et tant pis pour les intrigues secondaires ou les dessous métaphysique de la saga, un peu mis à mal. Bon, puisqu’on parle de métaphysique, c’est pas les midi-chloriens non-plus, vous pouvez être rassurés. Mais j’évoquais plus haut les films de SF des années 80, parmi lesquels le Retour du Jedi faisait forte impression par son traitement. De nos jours, face à l’Ascension de Skywalker, nous avons un tout autre type de film de SF, davantage métaphysique ou mindfuck, comme Interstellar pour ne citer que lui. C’est un peu ce que j’attendais, chaque fois, de ces nouveaux Star Wars, bien qu’on sente qu’il y ait un effort en ce sens et qu’on n’en soit jamais bien loin. Mais je ne fais que répéter ce que je disais déjà concernant Episode VII…
Bref ! Faites-vous votre avis et on en reparle dans les commentaires.