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[#61] Fortnite, saison 4 : mais p***** quand est-ce qu’on s’amuse ?

Temps de lecture : 7 minutes


Allez, c’est reparti pour le test-réac’ du papagamer. Mon plus grand (17 ans) joue à Fortnite, ce survival game en ligne qui fait beaucoup parler de lui depuis ces derniers mois. Enfin devrais-je dire « jouait » car de son propre aveu ça fait 2 mois qu’il n’y a plus touché. En ce qui me concerne, ça fait 2 heures. Et je ne pense pas y retoucher un jour. Compte rendu à chaud.

Après avoir une fois de plus lâché Starcraft 2, j’hésitais entre repartir sur du retrogaming (j’ai pas mal de petites perles en stock) ou tenter un jeu plus récent, histoire de coller à l’actu et d’égayer le site. Contrairement à mes comparses Octopaddaone, Hyujo et Procope, je joue essentiellement sur Pécé. Et que se passe-t-il sur Pécé en ce moment ? Il se passe le phénomène Fortnite, dont tout le monde parle, y compris les psychologues, qui sont passés de l’autre côté du miroir, pour une fois. Malins, les psys : après avoir fustigé les jeux vidéo pendant deux décennies, ils proposent désormais leurs services aux éditeurs pour les rendre encore plus addictifs ! Vraiment si c’est pas une profession diabolique, ça !

du TPS en ligne on ne peut plus basique de type Counterstrike starring Lara Croft, avec zéro narration, ou presque

Mais bref, autant le dire tout de suite : la réputation de ce jeu est largement surfaite. Certes, c’est gratuit, il y a des millions de joueurs, et plein de fric à la clé pour les entreprises, ça va certainement créer de l’emploi et du bizness à gogo, et injecter des devises dans l’économie réelle. Mais bon, retour à la réalité du jeu en lui-même : c’est du TPS (pour third person shooter : jeu de tir à la troisième personne) en ligne on ne peut plus basique, de type Counterstrike starring Lara Croft, avec zéro narration, ou presque. Il y a bien cette petite innovation à-la-Minecraft qui consiste à récolter des ressources et à construire des structures de type murs, pièges ou escaliers en plein milieu de la partie, façon « pouvoir de jedi » ou sortilège dans Harry Potter. J’ai posé 40m² parquet le mois dernier, je peux vous dire que c’était une autre paire de manches. D’ailleurs, qu’est-ce que cet aspect-là du gameplay a pu m’énerver ! Au final, il semblerait que ce soit précisément ce savoir-faire qui fasse toute la différence, notamment en fin de partie. Or, en ce qui me concerne, j’en suis bien loin d’y arriver, en fin de partie.

Une des « constructions » possibles dans Fortnite – seule véritable innovation du titre.

J’ai joué des dizaines de fois, pendant deux heures d’affilée, sans jamais réussir à tuer le moindre adversaire. Ainsi, hormis les très belles phases de chute dans le vide au dessus de l’île en tout début de jeu, je n’ai pratiquement trouvé aucun plaisir à jouer à Fortnite. Mes parties se sont résumées à de longues minutes d’errance et de course à travers des étendues vides, pour ramasser des armes aussi inefficaces les unes que les autres, et finalement me faire descendre en un quart de seconde dès la première confrontation. Alternativement, en atterrissant directement en zone urbaine, je me faisais canarder et je mourais à peine avoir posé mon parachute.

Un des seuls moments vraiment sympas du jeu

il faut être bon, et même très bon : le qualitatif reste à la charge du joueur

En quittant le ladder de Starcraft 2, dans lequel j’avais enfin réussi à me classer en ligue diamond le mois dernier, je quittais un système de jeu qui m’était devenu à la limite du supportable : celui dans lequel on progresse très lentement, à force de persévérance, face à des joueurs de plus en plus expérimentés. A ce niveau, regarder des vidéos, des tutoriels, des chaînes de joueurs professionnels, prendre des notes, expérimenter des stratégies contre l’I.A., devient indispensable. Celà implique non seulement un temps de jeu conséquent mais aussi un temps hors-jeu presque tout aussi conséquent. Et ça, le papagamer peut difficilement se le permettre. Jongler entre vidéos Youtube et parties enchaînées sans aucune variété, non merci. Je joue au jeu vidéo pour me détendre, pas pour faire du simili-sport, ni pour me prendre au sérieux.

A la grande différence de Starcraft 2, le gros problème de Fortnite est qu’il place sans complexe les joueurs débutants face à des joueurs parfaitement aguerris. Il y a bien un vague système de points d’expérience et de bidules à débloquer, mais celui-ci ne semble absolument pas être pris en compte lors du lancement des parties. Ca se comprend : à chaque minute, le jeu balance 100 joueurs de tous les pays au milieu d’une map, qui va se rétrécir au fil du temps, forçant les joueurs à se rapprocher progressivement les uns des autres pour se foutre finalement en l’air, dans un final toujours très explosif, avec les armes les plus puissantes entre les mains des joueurs les plus adroits. Avec Fortnite, on n’est pas là pour chipoter : c’est du quantitatif pur et tant pis pour les outsiders. Le but d’une partie étant de rester le dernier survivant, il faut être bon, et même très bon : le qualitatif reste à la charge du joueur.


A mes yeux de papagamer, rattraper l’élite des joueurs de Fortnite semble un objectif tellement lointain qu’il n’est pas motivant. Je n’ai absolument pas ressenti l’envie de consentir à l’effort qui consiste à jouer et rejouer pour progresser lentement. Le plaisir de jeu pendant la première partie a été tellement faible, la satisfaction tellement nulle, que je ne vois pas ce qui peut rendre accro à ce jeu – parce que, soyons honnêtes : pour progresser à Fortnite, vu le niveau que se payent les gars d’en face, il faut y être accro, je ne vois pas d’autre solution.

l’apologie du jeu actuellement faite par les journaleux et par la jeunesse hype ne fait pas tout

J’imagine que les premières victoires doivent être d’autant plus grisantes qu’elles sont difficiles à atteindre. Mais pour le reste, l’apologie du jeu actuellement faite par les journaleux et par la jeunesse hype (stars du rap ou du football, qui s’en servent d’ailleurs comme outil auto-promotionnel) ne fait pas tout et ne suffira pas à me faire persévérer. Chez moi, papagamer trentenaire, il n’y a aucun processus d’identification susceptible d’engendrer une motivation suffisante pour continuer à fréquenter la communauté des joueurs de Fortnite.

« Vous vouler nou reçemblé ? » voici des « celebs » qui jouent à Fortnite – je sais même pas qui c’est…

[EDIT : en tant que représentant de la génération X, j’ai une fois de plus sous-estimé l’importance des réseaux sociaux. C’est là que réside l’accroche qui va amadouer le joueur. En début de partie, on peut en effet très facilement convoquer une team via les réseaux sociaux existants, tout celà afin de jouer entre potes, ce qui booste inévitablement l’intérêt du jeu, par rapport à une partie en mode loup solitaire. Fortnite devient alors un party game comme un autre, où le plaisir d’être avec les autres dans l’instant est plus important que la victoire ou le fait de progresser. Du reste, l’aspect sandbox du jeu s’adresse précisément à cette génération biberonnée à Minecraft, dont l’engouement m’a toujours paru inexplicable.]

Pour parler brièvement d’addictologie (car le sujet interpelle toujours les media mainstream), j’ai autrefois entendu dire que chez certains jeunes, et plus souvent qu’on ne l’imagine – sous réserves : statistiques à vérifier – la première cigarette, le premier joint ou le premier rail de coke ne fait aucun effet. Et du coup, c’est en recommençant, par identification sociale (les autres membres du groupe mettent la pression en soutenant que c’est bien) et par besoin de reconnaissance, que l’on devient accro – et peut-être même davantage que pour ceux qui y ont trouvé du plaisir dès la toute première expérience. Nous sommes tous inégaux face à l’addiction, ne l’oublions pas : il est impossible de généraliser le phénomène. En ce qui me concerne, vis-à-vis de Fortnite, je suis dans la position du mec qui a essayé une drogue dure (ou du moins que je pressens comme telle) sans en avoir ressenti le moindre effet. C’est donc, à mon avis, le bon moment pour désinstaller le jeu.

Et puis… décidément, Fortnite reste un jeu pour ados : le design ne trompe personne, et le gameplay appuie sur tout un tas de « boutons darwiniens » et autres « super-stimuli » desquels un vieux singe comme moi n’est plus vraiment dupe. Même si ce n’est pas vrai, j’aime penser que jouer aux jeux de type FPS ou TPS est lié à une classe d’âge : j’adorais ça quand j’avais entre 15 et 20 ans, et depuis, j’en suis complètement revenu. C’est un peu comme la balançoire ou le MacDo : maintenant, j’ai beau insister, ça me donne le mal de mer. Et puis il faut passer un peu la main, merde, on finit par avoir l’air cons à force de vouloir faire jeune. Ô, Duke Nukem 3D, que tu me sembles loin !

Rejoins NOUUUUUUS !

2

The Good

  • Mode "Battle Royale" Gratuit
  • Plutôt intuitif pour la prise en main
  • Environnement graphique réussi
  • Le côté Minecraft

The Bad

  • Trop exigeant
  • Calibré pour un public adolescent
  • Orienté sur les réseaux sociaux
  • Le côté Minecraft
3 Octofun ?
1 Adapté à la vie du papagamer ?
12 commentaires
  1. Procope
    14 Mai. 2018 à 15:31 -----> lui répondre

    « J’ai joué des dizaines de fois, pendant deux heures d’affilée, sans jamais réussir à tuer le moindre adversaire.  » Non seulement, t’es vieux, mais en plus t’es nul. Tu nous fait honte ! Plus sérieusement, ça me rappelle mes parties sur les derniers Black Ops, où les joueurs sont tellement skillés que j’ai même pas le temps de me jouer 30 secondes que je me prends déjà un headshot. C’est clair qu’il y a beaucoup d’adolescents entre potes, mais il ne faut pas non plus oublier qu’il y a énormément d’adultes qui ne jouent qu’à un ou deux jeux pendant des années, que ce soit Counter Strike, DOTA, WOW, LOL ou maintenant Fortnite et PUBG. J’ai du mal à m’identifier à ce type de profils, mais cela est plus courant qu’on ne le pense. Les gars en ont rien à fiche du jeu vidéo ou de ce qui se passe autour, ils ne s’intéressent qu’à leur jeu. A raison de 3/4 par jour, je pense que tu deviens sacrément bon au bout d’un mois ou deux, mais me concernant je n’ai ni la patience ni la volonté de rester des semaines sur le même jeu.

  2. lamyfritz
    14 Mai. 2018 à 20:47 -----> lui répondre

    Je peux te dire une seule chose : je suis nul. En vrai, je suis un peu comme ceux que tu décris : j’ai joué des années à Starcraft 2, mais en arrivant déjà bien trop tard dans le jeu. Et, avec un système de MMR (matchmaking rank), qui te met théoriquement face à un joueur de ton niveau, j’ai galéré dur. Il m’a fallu 3 ans pour gagner mes premiers TvP. Alors avec des deathmatches à 100 complètement aléatoires de fortnite, je n’ai pas d’espoir. Faire du combat entre ceintures blanches et ceintures noires, c’est pas martial. C’est de la bagarre.

    Au moins avec blackops ça dure que 30 secondes – comme fortnite quand tu atteris en zone urbaine, car le reste du temps, tu perds 10 minutes à errer, et c’est navrant.

  3. octopaddaone
    14 Mai. 2018 à 20:57 -----> lui répondre

    J’ai sondé (sans faire mal, si,si) mon entourage en m’appuyant sur ton article, en proclament à hue et à dia  » Fornite c’est naze, c’est moche, y’a pas de jeu, pas d’histoire, etc. », mais la jeune plèbe autour de moi est complètement accro au jeu ! Vraiment passé à côté pour ma part, et puis franchement nous les « vioques » on avait Unreal Tournament (en 1997-98 !) et cela dépotait en vrai pas dans un gloubiglouba de couleurs criardes et des poses nases 😉

    Bon un argument m’a séché « Fornite c’est en faite… Kho Lanta », punaise 1-0 pour la jeune génération post Unreal !!

  4. Lamyfritz
    15 Mai. 2018 à 09:00 -----> lui répondre

    Ah mais OUAIS, Koh Lanta, c’est vraiment ça qui prime ! D’où l’idée qu’il n’y a pas d’objectif, un peu comme dans la série LOST !
    Avec l’aspect « réseau social », il y avait donc cet aspect « télé réalité » et « séries à rallonge » sous-jecent, qui en appelle à toute une génération (y compris la notre, mais vu que j’ai banni la télé depuis 99…). Une fois de plus, j’étais complètement passé à côté. Procope a raison : je suis vieux, en plus du reste !

  5. Procope
    15 Mai. 2018 à 10:52 -----> lui répondre

    Ouais, les jeunes ont vraiment des goûts de chiottes. A quoi ça sert de biberonner toute une génération à Quake III, Unreal, et cie pour arriver à Fortnite…
    On ne tape pas sur Lost, s’il vous plaît, ça me met en mode rageux.
    On peut violer aussi dans Fortnite ?
    Bon, pour se rassurer, on peut aussi dire que les jeux solo des vieux marchent aussi très fort (Zelda, Horizon, God of War…).

    1. Lamyfritz
      15 Mai. 2018 à 17:46 -----> lui répondre

      Ah bah tu m’étonnes que LOST ça te mette en mode rageux : ça doit être douloureux, au bout de 6 ans de série, d’en arriver exactement au même point (c’est à dire au point mort) que le quidam de base (dans mon style) qui a maté un demi-épisode pour se faire un avis (forcément négatif), n’a rien compris du tout, pour finalement zapper sur un Midnight Movie histoire de se changer les idées. Faut vraiment être un pigeon gros fan pour être allé jusqu’au bout d’une série pareille. Tu m’en diras autant pour The Big Bang Theory, qui ne va nulle-part, et que j’affectionne tout particulièrement.

      1. Procope
        16 Mai. 2018 à 12:40 -----> lui répondre

        Pas du tout, car c’est ma série favorite, avec The Wire et Battlestar Galactica, et j’ai trouvé, contrairement à beaucoup, la fin absolument superbe, bouleversante et logique. Il n’y a pas une semaine sans que je me réécoute la superbe BO de la saison 6 en repensant à ce merveilleux voyage… Il faut croire que je suis un sacré pigeon. Lost, c’est donc un peu comme les Mario et Zelda, tu finis toujours par sauver les deux pouffes et revenir au début…

        1. lamyfritz
          16 Mai. 2018 à 13:36 -----> lui répondre

          C’est dingue parce que je suis également un énorme fan de Battlestar et The Wire..

          1. Procope
            16 Mai. 2018 à 14:22

            J’ai lu tous les avis sur cette fameuse fin, et j’avoue ne jamais avoir été convaincu par les arguments. C’est un peu comme la fin des Sopranos qui avait été décriée alors qu’elle était parfaite. Celle de Battlestar en avait pris la poire, aussi, alors qu’on savait depuis le début que ça DEVAIT se terminer ainsi.

  6. TomTom
    16 Mai. 2018 à 10:20 -----> lui répondre

    Les mystères des jeux vidéo modernes dans lesquels on ne s’amuse pas… et qui forcent à faire des « devoirs » hyper studieux pour peut-être enfin y prendre un peu de plaisir au bout de centaines d’heures passées dessus…
    Pour ma part je suis trop attaché à l’aspect « jeu » des jeux vidéo pour me lancer là dedans! C’est une chose d’être mauvais (voire nul), c’en est une autre de choisir de passer mon temps libre sur un truc où je me fais chier!

    1. lamyfritz
      16 Mai. 2018 à 12:15 -----> lui répondre

      Mais oui c’est EXACTEMENT ça !

  7. [#45 paye ta boîte de Pandore] Mon gamin a eu la Switch à Noël… retour d’E.X.P. – octopaddle.fr
    3 Nov. 2019 à 16:30 -----> lui répondre

    […] planer en paravoile dans Breath of the Wild… Je m’égare. Autant j’ai critiqué le phénomène “psy” pour Fortnite (tu le sens, ton parallèle avec le paravoile ?), jeu pour lequel a été engagée une armada de […]

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