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Voilà un an que la Switch a posé son socle dans ma maison. Cette petite console aux entrailles vieillottes – voire dépassées aux yeux de certains grincheux – procure à beaucoup de Gamers des expériences inoubliables. J’ai fini Xenoblade Chronicle 2 il y a un mois. J’avais besoin de le digérer avant de vous en parler. Avec 140 heures de jeu au compteur, il a presque fait jeu égal avec Breath of The Wild (170 heures… actuellement). Alors, pourquoi être aussi dithyrambique ? Je vais tâcher de vous expliquer cela dans cet article spécial papagamers du grand jeu de Monolith Software.

Partez en quête du berceau de l’humanité, Elysium.
Tout d’abord, une évidence : en 2017, Nintendo nous a proposé deux chefs d’œuvre sur sa console, le cultissime Breat of the Wild qui est devenu mon jeu préféré ever. Il a aussi raflé une grande partie des Awards de 2017 pour ne pas dire la majorité, et a provoqué des brainstorming fumant dans la plupart des studios de développement. Pour moi ce jeu est clairement un tournant dans l’industrie (surtout quand on voit les clones PS4 qui finissent tous par se ressembler Horizon, Assasssin’s Creed, Uncharted, God Of War où encore Last of Us… on change juste l’habillage graphique et c’est reparti. Tant pis pour l’originalité). Et en parlant d’originalité, seconde cartouche d’un Nintendo on fire : Mario Odyssey, d’une générosité et d’un fun incroyable. Deux chefs-d’œuvre la première année de lancement, c’est déjà énorme, mais pour ma part je vais en ajouter un troisième. Au risque de me faire traiter de Nintendo Maniac/Fan, j’assume et signe ma déclaration. N’en déplaise au fan de Sony 😉
Alors quel bilan ce Xeno’ ?
Il n’était pas simple de repartir immédiatement après Breath of The Wild pour un jeu aussi chronophage. L’interlude Mario Odyssey m’a fait un bien fou et m’a apporté suffisamment de bonheur pour repartir à l’aventure. Pour tous vous dire, je ne suis pas un grand fan des J-RPG : le système de combat au tour par tour m’est souvent insupportable. Je me suis frotté à pas mal de grands J-RPG sans pouvoir aller au-delà de 7 à 8 heures de jeu, comme FFVII sur PSOne par exemple, car à la fin du premier disque – cela va faire crier dans les chaumières – le jeu m’est tombé des mains. Je peux aussi citer, Baten Kaitos sur Gamecube, Skies of Arcadia sur Dreamcast, Ni No Kuni sur PS3 ou dernièrement FFXV sur PS4 qui tous sans exceptions n’ont jamais dépassé le stade des 20 heures de jeu.

Xenoblade Chronicles X, un grand jeu de la WiiU
La complexité et la lenteur des combats au tour par tour ont systématiquement eu raison de mon envie d’avancer dans l’histoire. Ce qui me fruste le plus ? C’est que l’histoire de ces jeux m’accroche énormément. Manette en main, je jure souvent contre les développeurs qui auraient pu faire un jeu super sans un système de combat merdique. Bref, le level Up ça me saoule grave… Vous l’avez compris, le J-RPG et moi c’est un peu je t’aime, moi non plus.
Ma première expérience concluante (bien que inachevée) fut avec Xenoblade Chronicles X sur WiiU grâce à un système de combat plus dynamique, tourné vers l’action RPG. Si bien que je me voyais bien parti pour achever mon premier J-RPG. Mais ce qui a empêché l’exploit, c’est le manque de temps et l’avalanche de jeu que j’avais à faire à l’époque. Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui, car j’ai décidé de me concentrer sur un seul support. Je reviendrais sur ce point dans un futur article.
Un monde enchanteur
L’achat de Xeno 2 découle donc de ma très bonne impression de Xenoblade Chronicles X. Mais pas que, si je vous disais que les trailers m’ont vraiment emballé. Alors oui, je semble être à contre-courant. Le jeu a eu son lot de bad buzz avant même que les gens puissent le tester. Il s’est d’ailleurs fait attaquer sur son Chara-Design, point faible de la série. Et s’il en faut pour tous les goûts, je vous l’accorde, l’aspect Kawai japonais (voire soubrette comme le pense mon cher Octo) a fait couler beaucoup d’encre (numérique). Toutefois, le jeu est un mélange de cell shading pour les persos et de texture classique (les grincheux diront merdique) pour les décors. Bien que perfectible et bien en deçà de ce qu’une PS4 peut offrir, j’ai trouvé le jeu particulièrement accueillant sur ma Switch.
il y a ceux qui s’extasie de la plus infime chose qu’offre notre monde, et d’autres qui ne jure que par l’exceptionnel.
Oui il y a des problèmes de framerates, oui certaines textures semblent venir de l’ère PS2, re-oui. Alors que beaucoup crient au scandale, moi je passe outre, car l’avantage de ne pas avoir une technique à la pointe, c’est qu’au moins on peut se concentrer sur autre chose. comme la profondeur de jeu par exemple. Ne vous y méprenez pas, le jeu regorge d’endroits magnifiques, enchanteurs. D’ailleurs, cela ne trompe pas : je me suis souvent arrêté de jouer pour contempler ce monde hors normes. Sans rentrer dans un débat sans fin, il y a ceux qui ont envie de voyager et qui vont apprécier ce voyage et ceux qui sont analytiques et vont passer à côté du dépaysement. En faisant un lien avec la vraie vie, il y a ceux qui s’extasient de la plus infime chose qu’offre notre monde, et d’autres qui ne jurent que par l’exceptionnel. Je pense que vous avez saisi l’insistance de mon message. Point besoin d’avoir une claque graphique qui se rapproche de notre réalité pour voyager, car avec une bonne direction artistique, on peut s’accommoder des contraintes techniques : qui dirait (pour ceux l’ayant découvert à l’époque) que Link’s Awakening sur Gameboy était une daube en raison de ses graphismes en 2D monochromes ?
Elysium, terre de légende
Petit retour sur l’histoire, sans spoiler : au centre d’un océan infini de nuages se trouve l’Arbre-monde. Tout autour s’étend Alrest où vivent de nombreuses populations. Autrefois, les habitants de ce monde vivaient au sommet de l’Arbre-monde au côté de leur créateur, l’Architecte. Le pays dans lequel ils vivaient était un véritable paradis, les douces ondées et le soleil doré leur offraient des récoltes abondantes. Il avait pour nom Elysium. Un jour, tous furent chassés de ce paradis. Avaient-ils déplu à leur créateur ? Y avait-il une autre raison ? Nul ne le sait. Ils se réfugièrent au pied de l’Arbre-monde, mais la vie était difficile et ils commencèrent à périr. Alors que tout espoir semblait perdu, l’Architecte envoya ses serviteurs, les Titans, au secours de l’humanité. Pour échapper à une mort certaine, les survivants s’installèrent sur le dos des Titans et les générations succédèrent les unes aux autres. Maintenant que les Titans se meurent, la quête pour retourner à Elysium ne fait que commencer…

Pyra et Rex
Le héros de cette histoire est un jeune homme répondant au nom de Rex. Il gagne sa vie comme récupérateur, toujours en quête de précieuses ressources et d’anciens artefacts dans la mer de nuages. Il a quitté le village où il était né et vit désormais sur le dos d’un petit Titan, Papy. Embauché pour fouiller un navire coulé et récupérer les moindres objets de valeur, Rex rencontre par hasard une Lame appelée Pyra. Celle-ci est également une Lame sacrée répondant au nom de l’Aegis. Par un mauvais coup du sort, Rex est tué par Jin, le chef d’une organisation clandestine, Torna. Pyra sauve la vie de Rex et devient sa Lame, leurs destins sont à jamais scellés. Il fait sienne la quête de Pyra d’atteindre Elysium et tente de survivre dans un monde plein de rivaux, tous aux trousses de l’Aegis. Nos héros parviendront-ils à la terre promise, au sommet de l’Arbre-monde ?
Les premiers pas
Xenoblade Chronicles 2 est l’exact opposé de Breath of the Wild qui vous montre en 20 minutes les enjeux de votre quête. Ici, le début est lent, et les enjeux ne sont pas clairs. Comme dirait un bon scénariste, il est important d’installer les personnages et l’intrigue. Monolith Software a appris de cet adage : le début est bavard et croquignolesque (dédicace à notre président qui affectionne tant les formules d’un autre âge). Le jeu étant dense et complexe, les concepteurs ont carrément tranché avec une intro qui se confond avec le tutoriel, durant une vingtaine d’heures consacrées aux explications du système de jeu. Oui c’est long et je pense que beaucoup ont dû se lasser, et d’autres ont persévéré et ont bien fait ! Durant ces vingt premières heures, je ne vous cache pas que j’ai dû m’accrocher pour bien comprendre le fonctionnement du jeu. Pourtant, après quelques heures de jeu seulement, et une scène d’une noirceur étonnante, j’ai su que je passerais outre cette complexité, notamment à partir de l’exploration de l’épave coulée… Comme dans un rêve éveillé, les enjeux de votre quête vont vous être proposés. À cet instant, je me suis posé la question de l’inspiration des créateurs du jeu, comme Tetsuya Takahashi (scénariste et réalisateur) et j’ai repensé à l’excellent film Elysium de Neill Blomkamp avec Matt Damon… et puis pourquoi pas, là voila ma motivation pour avancer ! Percer le mystère de l’arbre monde, l’Elisuim, le paradis pour les humains. Pourquoi le monde est-il devenu une mer de nuages, pourquoi les humains vivent sur des Titans ? D’où viennent les Titans ? Et surtout quel est le vrai pouvoir de Pyra ?
La force du jeu, qui est rempli de nombreuses quêtes annexes, et de ne jamais vous faire perdre de vue votre objectif principal. Où que vous soyez dans le jeu, vous verrez l’arbre monde. Comme un aimant à mystères, cet arbre est non seulement beau, mais il intrigue. Il fait même rêver. Comment y accéder ? Que vais-je y découvrir ? Pourquoi m’intrigue-t-il autant ? Les scénaristes ne dévoilent pas immédiatement le mystère et je trouve la cohérence du récit juste parfaite. Bien sûr il y a beaucoup de bla-bla qui n’ont aucune incidence sur l’intrigue. Libre à vous de les écouter ou pas.
D’ailleurs ce qui m’a surpris au fil de l’aventure, c’est la noirceur globale du propos. Vous avez un jeu coloré, voire enfantin, et pourtant, le récit est bien pour les adultes. Je ne souhaite malheureusement pas dévoiler l’intrigue, car je pense à ceux qui souhaitent faire ce jeu. Mais sachez qu’il s’agit d’une des meilleures histoires que j’ai découvert dans un jeu vidéo, rien que cela ! Les cliffhanger sont nombreux et toujours bien sentis, mais vous aurez beau essayer de déchiffrer l’intrigue, vous êtes loin du compte. Je suis tombé sur le cul au moment où elle se dévoile… J’ai eu des frissons, des joies, des larmes dans les yeux … Pour faire un parallèle avec un jeu PS4, l’intrigue est mille fois mieux amenée que sur Horizon Zero Dawn. Pauvre Guerilla Games ! Passer après Breath of the Wild et Xenoblade, leur jeu n’a pas tenu 10 heures dans ma PS4.
Quid du système de combat ?
N’étant pas un grand expert du J-RPG, j’ai un peu bataillé pour me faire au système de combat. Au premier abord il semble super complexe : vous incarnez Rex, et Pyra votre lame dirige les sorts et invocations. Le gigantesque tutoriel vous explique les différentes approches de combat, mais soyez rassuré j’ai pigé le truc et je peux vous dire que j’y ai même pris du plaisir ! Vous déplacez Rex librement avec le Stick, il frappe automatiquement les ennemis et vous alternez les appuis sur les boutons pour varier les coups spéciaux.
Au départ vous avez qu’une seule lame, mais avec le temps vous pouvez contrôler jusqu’à trois lames par personnages. Puis votre équipe passe à trois personnages gérés par le jeu. Les combats en eux mêmes n’ont rien de sorcier, je vous renvoie sur cet excellent site qui propose un guide complet des combats : http://www.generation-game.com/guide-complet-du-systeme-de-combat-de-xenoblade-chronicles-2/ ou encore sur le site officiel qui explique tout, mais vraiment tout.
Par contre vous allez passer du temps dans la gestion des compétences de vos lames. Le sociogramme permet de débloquer des prouesses clés pour vos lames. D’ailleurs je vous conseille de bien vous en occuper. J’ai un peu foncé tête baissée dans l’intrigue avant de me retrouver bloqué dans certaines quêtes, car les personnages n’avaient pas appris les prouesses requises pour avancer. J’ai donc dû stopper l’histoire principale afin de faire progresser mes personnages et forcément, j’ai pas mal râlé, car j’ai dû passer un temps fou à faire du level-up. Mais cette évolution se fait par le biais de quêtes annexes assez sympas. Si on n’échappe pas au syndrome « Fedex » pour certaines ou s’étirent en longueur, dans l’ensemble, j’ai trouvé plaisant que les développeurs indiquent comment débloquer les compétences clés (voir ci-dessous). Ainsi, je n’ai jamais été lassé contrairement à Horizon Zero Dawn.
Une direction artistique flamboyante… une technique datée
L’important n’est pas la destination, mais le voyage pour y arriver comme dirait l’autre : putain que la direction artistique est majestueuse ! Le travail de Monolith Software aurait mérité des récompenses, car j’ai pris un immense pied à parcourir les contrées somptueuses du jeu, ce dernier est riche en trouvailles visuelles et en surprises. L’univers global du jeu est vraiment cohérent, chaque Titan apporte son lot de surprises. Plutôt que de vous saouler de louanges, je préfère vous asséner quelques screenshots qui vous feront, je l’espère, rêver.
À cela, ajoutez également des cinématiques hyper bien réalisées, super pêchues et dignes du grand Hollywood. Elles ne sont jamais lassantes et au contraire apportent de la nervosité au rythme plus lent de l’exploration du jeu. Mention spéciale également pour le bestiaire du jeu et les Boss. Ils sont variés, coriaces pour certains, car le jeu est lui-même assez difficile. À la moitié du jeu environ, devant des morts répétées j’ai opté pour un changement de mode de difficulté. Je suis passé en mode Histoire, qui facilite les combats et permet de jouer l’esprit tranquille pour la suite de l’aventure.
Je n’oublie pas non plus la fabuleuse partie sonore du jeu. Les compositions musicales de Yasunori Mitsuda (et autres) sont vraiment superbes, où de grandes envolées lyrique, côtoient des mélodies subtiles, touchantes et mélancoliques. Une partition musicale que j’ai adoré et que j’apprécierais de voir en Live sur scène avec un orchestre philharmonique.
et plus pêchu :
Il serait bien trop long de vous détailler toute la profondeur que propose le jeu. Je crois que chacun doit se faire son propre avis sur le titre. Je vous en conjure, ne vous arrêtez pas à l’univers Japoniais du jeu. Il vaut bien plus que çà et pour les plus téméraires, le jeu vous donnera du bonheur. Vous serez captivé par son ambiance, hypnotisé par son univers.
Pour conclure, Xenoblade Chronicles 2 a réussi là où beaucoup de jeux ont échoué, car me faire finir un J-RPG est un véritable exploit. Je me suis attaché à ses personnages, surtout à l’histoire de Rex et Pyra. Comme souvent dans les productions japonaises, la poésie et le respect sont de mise. J’ai vibré avec eux, vécu leur aventure manette en main. Mais ce que je retiens surtout, c’est que j’ai voyagé. Pour moi il n’y a rien de plus important dans un jeu que de me faire sortir de mon quotidien. J’ai fini le jeu au bord des larmes, l’histoire touchante à percer mon petit cœur d’homme : le troisième chef d’œuvre de la Switch (pour le moment) !