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Un des débats récurrent quand on devient papagamer, c’est deux choses qui manquent généralement le plus aux joueurs : le temps et parfois l’argent pour sa passion ! Petit jeu de questions- réponses pour partager avec les parentgamers (et les futurs !), notre expérience, attention avec pleins de morceaux de nostalgie dedans. Première partie : gérer le temps et l’arrivé des bambins dans nos vies de joueurs !
J’aimerais savoir en premier lieu le rapport que tu entretiens avec le jeu vidéo, en tant que joueur d’une part, en tant que consommateur d’autre part : combien d’heures par semaine ou mois arrives-tu à consacrer aux jeux vidéo, et dans quel environnement ? Quel profil de consommateur as-tu ?
Procope : Comme beaucoup de parents, j’ai un rapport dicté par les circonstances quotidiennes. Quand le travail est terminé, il faut encore faire dîner les petits, les baigner, leur lire des histoires (et jouer à Zelda avec, parfois), les coucher et, dans le cas du petit garçon que j’ai eu en 2015, qui déborde d’énergie, attendre tout simplement qu’il se calme et s’endorme, ce qui peut se produire à 21h30 comme à 23h30. Je ne sais jamais quand je vais pouvoir m’installer tranquillement et commencer à jouer, d’autant qu’on a d’autres loisirs et qu’on apprécie tous, je pense, passer aussi du temps avec sa femme. Il faut aussi dire que j’attends toujours d’être dans les conditions optimales, et je ne joue quasiment jamais quand les enfants ne sont pas endormis. J’ai toutefois la chance d’être un petit dormeur et d’avoir 2h de trajet par jour, ce qui permet de jouer à la Switch ou aux consoles portables. Toujours est-il que le soir je peux très bien jouer 30 minutes comme quatre heures, ou parfois même pas du tout pendant une semaine, cela dépend vraiment de facteurs que je ne maîtrise pas. Je dirais que je joue de 25 à 30h par semaine, en moyenne, mais ça fluctue beaucoup de l’une à l’autre. Quant à mon rapport de consommateur, il est à la fois économe, opportuniste et passionné. Difficile de l’expliquer sans rentrer dans les détails, ce que l’on fera plus tard, mais je suis trop curieux pour me contenter que de quelques titres par an et trop fauché pour garder tout ce à quoi je joue. J’ai donc dû, par la force des choses, m’établir une méthode afin de ne pas être frustré. Il va sans dire que si j’avais de gros moyens, j’achèterais probablement de cinq à dix jeux par mois… Je ne suis pas naturellement un partisan de la décroissance, d’autant moins en matière culturelle.
Octopaddaone : Après l’âge de votre progéniture modifie forcément cette approche du JV : en bas âge les sessions sont plus faciles en journée (sieste), le soir aussi, sans parler des soucis pour s’endormir qui peuvent donner lieu à des sessions courtes (et là vive la Nintendo DS ou Switch de nos jours !). Mais il est vrai que la naissance (et heureusement) bouleverse nos habitudes car on a tellement à faire avec notre progéniture, source de joies (souvent), d’inquiétudes (très souvent !), et aussi partager le fardeau avec notre chère moitié qui en a bien besoin. Désormais mes petites étant plus grandes (de 4 et 7 ans), j’ai des sessions plus régulières, mais cela aussi dépend d’un autre facteur : le lieu de jeu. Ayant une « gaming » room dédiée, je peux jouer sur vidéoprojo ou sur mon Mac via la fonction PS Share (ou PSTV aussi) génialissime que j’avais présenté dans un précédent article. Ainsi, je ne bloque pas la TV familiale pour les autres membres de la tribu, et l’utilise le soir quand tout le monde dort. Par semaine, je dirais entre 10h et 15 h (rare) quand je ne suis pas sur octopaddle.fr pour chercher un plugin qui déchire ;). Les vacances sont plus actives bien sûr, et l’été ma Switch et/ou ma Vita m’accompagnent toujours.
Comment a évolué cette situation du « temps de jeu » du gamer au papa ?
Quel est le changement le plus étonnant pour toi ?
On dit souvent que l’arrivée d’un enfant change tout. Matériellement, spirituellement, oui, sans doute, mais pour ma part il m’a fallu longtemps pour adapter ma passion des jeux vidéo, de la lecture également, à un emploi du temps de parent et au chaos du rythme du bébé. Passer, quasiment du jour au lendemain, d’une vie de couple où on a la liberté de jouer toute la nuit, de regarder des séries tout le week-end, de rester au lit tout le dimanche matin à lire, à une vie de papa où le rythme est dicté non par ses désirs mais par les besoins de l’enfant est une expérience qui fut pour moi éprouvante. Je crois que plus on est passionné (et plus on a de passions!), plus la parentalité est un défi, et le changement de perspective une nécessité. J’ai mis, je pense, presque trois ans pour accepter, sans aigreur ni frustration, de faire passer ces passions après le foyer. J’ai aujourd’hui trouvé un équilibre, ou du moins un état d’esprit qui permet de concilier les deux, mais ce fut dur à encaisser, car ça remettait en cause un mode de vie auquel j’étais attaché. Voilà le changement le plus étonnant pour moi. Parfois, il faut savoir se dire que vos passions peuvent vous emmener vers le fond, et trouver la force de les considérer comme potentiellement nocives quand bien même elles font partie de votre identité.
Pour moi, clairement le fait que cette passion dévorante ne se soit pas arrêtée avec le passage vers l’âge adulte… mais poursuivie avec plus d’engouement. Et pour beaucoup, je pense que cela est dû à ma moitié qui accepte totalement ma passion, sans haine ni décrédibilisation (chacun ses pêchés mignon, je ne viens pas la gonfler sur Koh Lantha ;). Ensuite, le fait d’avoir – je pense – une vie équilibrée, sans être un Otaku de première (boulot, dodo, enfant et à côté le JV, lecture, …).

Revenons un peu sur le problème du temps quand on est papa ou maman. Est-ce que le fait d’avoir des enfants, et donc beaucoup moins de temps accordé aux loisirs, a une influence sur le choix des jeux, par exemple ?
Oui, et non… Oui, parce que j’aurais tendance, hélas, à délaisser certains types de jeu, comme des MMORPG, par exemple, auxquels je jouais beaucoup plus jeune et qui nécessitent une implication quasi quotidienne, et non, parce qu’en matière de jeu vidéo je suis infidèle. Je ne peux m’imaginer jouer plus d’un mois de suite au même jeu – je crois que ce n’est pas arrivé depuis Shenmue 2 sur Dreamcast, en 2001, c’est dire… Je dirais que ça dépend du calendrier. Par exemple, en janvier 2017, j’ai dû choisir entre Dragon Quest VIII, Yakuza 0 et Tales of Berseria, trois jeux à l’importante durée de vie qu’il m’aurait été impossible de terminer dans des délais à mes yeux raisonnables. Certains mois, le choix fut beaucoup plus simple, car sortaient des jeux beaucoup plus courts. Je serais plus enclin maintenant à acheter les jeux de Nintendo, comme Mario, Mario Kart, Kirby, car il faut avouer qu’il n’y a rien de mieux, côté univers et gameplay, pour initier nos enfants au jeu vidéo. C’est d’ailleurs quelque chose dont j’ai vraiment pu me rendre compte en regardant ma fille jouer à Zelda : Breath of the Wild. C’est simple à prendre en main, sans cut scenes toutes les 5 minutes, peu de dialogues, les gamins peuvent passer 30 minutes à juste se balader, gravir des montagnes, utiliser le paravoile, nager, etc. Ma fille est complètement dingue de ce jeu, beaucoup plus que moi, et je m’en doutais. Acheter la Switch fut également motivé par la perspective, plus tard, de jouer en famille – beaucoup de parents avaient acheté la Wii pour la même raison. La grosse différence avec mon adolescence, également, est que j’avais toujours des potes à la maison pour des sessions multijoueur sur FIFA, Sega Rally, Goldeneye, etc. C’est terminé. Les potes avec qui je jouais sont désormais trop éloignés, et mes choix ne se portent plus guère sur ce type de produits. Je suis donc extrêmement attaché aux jeux solo, comme, je crois, beaucoup de parents.
Octopaddaone : Le gros changement concerne le jeu que je lance si ma progéniture est dans le coin ou pas, et la Switch est géniale pour cela : point de remords à y jouer devant les yeux ébahis de mes petites par contre le jeu sur PS4 est forcément limité aux soirs ou les après-midi de fin de semaine dans mon bureau (cf avec la PSTV plus haut). Ensuite, après l’euphorie des premiers temps de la vie de couple, sans limite d’horaires et aussi de flouz’ avec le premier job permanent, je dois dire je suis désormais limité par deux principes : ne pas acheter un jeu 70€ car il sera soldé peu de temps après (sauf exception d’un gros coup de cœur mais pour cela je me limite à un prix de 55/60€) et sélectionner au mieux, pour éviter l’overdose de jeux qui s’entassent sur l’étagère.
Ici la seconde partie : Quel budget pour le papagamer et comment faire partager sa passion ?