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Il y a quelques temps Le Guide du Parent Galactique, un site de parentgamer concurrent, avait suscité mon intérêt en lançant le débat suivant : dans quel ordre faire découvrir les épisodes de Star Wars à ses gosses ? Et à partir de quel âge ? Petit retour d’expérience au sein de notre famille, en attendant l’épisode 8.
Ce weekend nous avons terminé le cycle des 8 épisodes actuellement sortis (en comptant Rogue One), dans un ordre assez peu commun, je dois l’avouer. Comment tout cela est-il parti ?
Fin 2015 j’ai commencé le baptême du feu avec le tout nouveau tout beau Episode VII : Le Réveil de la Force, en day one, comme disent les copains. J’ai amené mes deux garçons, de 6 et 15 ans à l’époque. Impromptu, impatience et fêtes de Noël dans l’air, plus un film qui rappelait beaucoup le tout premier opus de 1977 : carton plein, le virus a pris et nous nous sommes régalés. J’ai eu beaucoup d’émotion à ce que Star Wars continue. Je vais y revenir à la fin ce cet article. Bref. Le Réveil de la Force a eu le mérite d’éveiller un intérêt pour la franchise chez le plus petit, présentant les composantes de base de l’univers original, qu’il a retrouvées à grand coup de catalogues de Noël et autres Lego.
L’année suivante, logiquement, ce fut le spin-off Rogue One, encore une fois avec les deux grands : une excellente surprise. Enfin un Star Wars en salle avec Dark Vador, personnage emblématique et tant attendu par tous ! C’est suite à cette expérience concluante que je me suis décidé à nous procurer la trilogie originale, qui suit l’histoire de Rogue One chronologiquement. J’ai évité de commencer par les épisodes I, II et III, sortis entre 2000 et 2006, bannissant l’idée d’une découverte chronologico-radicale (désolé pour le néologisme de circonstance mais je ne vois pas comment l’exprimer autrement). Pour tout vous dire, j’ai pendant un moment eu l’idée d’occulter purement et simplement les épisodes I, II et III, mais le plus grand les avait vus, sans doute à la télé, quelques années plus tôt, et a éventé l’information auprès de son petit frère. De plus, je tenais personnellement à revoir le troisième opus, que je considère comme très singulier dans tout l’univers Star Wars.
C’est ainsi que le printemps dernier fut consacré, en l’espace de deux weekends, à la bonne vieille trilogie des épisodes IV, V et VI, via une intégrale DVD, sur vidéoprojecteur, et dans une ambiance solennelle. Y’a pas photo, c’est quand même les meilleurs moments de la saga et on s’est tous régalés : il fallait voir les réactions des gamins, comment ils s’accrochaient à leurs sièges et se faisaient emporter par la musique de John Williams. La petite dernière, trois ans et demi, a même commencé à s’y intéresser. Du côté du plus petit de mes garçons, le virus pour les vaisseaux, les Jedi et les personnages a pris totalement. De mon côté, quelques scènes remastérisées de la fin des années 90 m’ont fait tiquer, quand même. Enfin, drôle de sensation, à la toute fin du Retour du Jedi, de voir le fantôme d’Anakin Skywalker prendre les traits de l’acteur Hayden Christensen. Ca m’a fait une sorte de choc.
Suite à l’enthousiasme provoqué par la trilogie et aux pressions des gosses, je me suis finalement procuré la trilogie des années 2000. Celle-ci aurait dû arriver à la mi-juillet mais, à cause d’une erreur, n’est arrivée que fin octobre, pour Halloween ! Cette attente aura, dans une moindre mesure (mais quand même), symbolisé celle que nous, parentgamers, avons éprouvé entre Le Retour du Jedi et La Menace Fantôme. Nous attendions tellement de ce nouveau film à l’aube du nouveau millénaire et avons tellement été déçus… (par le film et par le millénaire) ! Hé bien comme quoi, les gosses ne sont pas si bêtes. Même moi, au tout début, je me suis dit « mais il est pas si mal ce film en fait ! » et au plus on voyait et on entendait Jar Jar Binks, au plus j’avais envie d’aller faire autre chose, comme par exemple, nettoyer les chiottes ou repasser mes chemises. Même un de mes gosses a laissé échapper un « mais il fait chier lui », des plus spontanés, vers le milieu du film !
Bref. Cet épisode I foireux appelait assez rapidement à regarder l’épisode II : l’Attaque des Clones. Je crois que je ne l’avais pas revu depuis le cinoche, où je l’avais pas trouvé si nase – notamment en comparaison avec le précédent, et avec l’enthousiasme d’une attente de deux ans. Mais là, de le regarder dans la foulée, je l’ai trouvé plutôt chiant. Les incohérences et les choix esthétiques malheureux (repompés sur les séries télé de l’époque) ressortaient lourdement. Le plus grand de mes enfants a carrément décroché. Par contre la petite (4 ans maintenant) s’est intéressée au personnage de Padmé et à la romance à deux balles du film. Le dernier film, La Revanche des Sith, allait la refroidir – le rôle de Padmé y étant anecdotique… !
Mais honnêtement, on a tous été refroidis. Je me suis retrouvé dans la même position qu’en 2006, où je m’étais dit : « ça y est, Star Wars c’est fini, une page de trois décennies se tourne, je vis un moment privilégié ». Je l’avais vu en VOSTF en day one dans une salle quasi vide. La qualité indéniable de l’opus, son côté dramatique, sombre et sérieux et le côté quasi historique du moment avait occulté un instant la nullité des deux épisodes qui avaient précédé. Et là, ce soir, même impression de malaise et de fin de récré, qui me fait me demander : quel était l’objectif de Lucas en faisant terminer sa saga légendaire sur un truc aussi noir ? Même mes enfants sont allés se coucher en silence, la tête basse. Heureusement qu’épisode VIII : Les Derniers Jedi sort dans un mois et va pouvoir nous remettre un peu sur les rails. Enfin j’espère.
Je me mets à la place de mes enfants ce soir. Sauf que j’ai attendu dix ans avant de pouvoir à nouveau revoir Star Wars avec un peu de fraîcheur. C’est pourquoi, malgré toutes les critiques qu’on a pu faire à l’Episode VII il y a deux ans, je l’ai trouvé cool. Il m’a permis d’opposer quelque chose de neuf à cette image terrible, amère et figée dans le marbre de 2006, et de donner envie à mes enfants de découvrir à leur tour cet univers, qui est encore en train de bouger. Encore une fois, tout est question de passage à l’âge adulte et de consommation infantilisante. Il faut savoir être lucide sans pour autant être critique de cinéma. Vaste programme !