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[à voir ?] Valérian et la cité des mille planètes

Temps de lecture : 5 minutes

J’avais critiqué le film par anticipation il y a près de deux ans sans même l’avoir vu. Et je l’ai enfin vu ce soir : verdict.
Valérian est une production grand spectacle qui ne s’embarrasse pas d’un décorticage intellectuel, mais il faut savoir ce que l’on vient chercher : on va à la fête foraine manger des chichis et boire du soda en famille, pas humer du foie gras aux truffes sur du Château Margaux 1945 dans une loge maçonnique. Avec du prêt à consommer façon jeu vidéo pour papagamer, Luc Besson aura voulu faire du pied aux américains, qui l’ont carrément boudé, et de nombreux critiques français leur ont emboîté le pas – l’ère Macron sera celle du mouton, où l’art de bêler de concert et de répéter en boucle propulsera quiconque s’y adonne avec opulence au sommet de la vie intellectuelle française, qui en ressortira durablement marquée, si tenté qu’elle ait jamais existé.


Ainsi, j’ai lu plusieurs articles et critiques acerbes qui vont dans le sens de ce que j’avais prophétisé autrefois sur ce blog. Mais je dois cependant nuancer un petit peu. Certes, le casting pose problème au niveau des deux acteurs principaux, trop jeunes, et avec trop peu de différence d’âge – on tombe parfois dans le teen movie – mais j’ai trouvé qu’ils ne s’en sortaient finalement pas si mal. Le seul gros problème de ce film vient à mon avis des dialogues, très creux, entre les deux personnages, qui n’apportent rien d’autre que des longueurs inutiles. L’humour est présent mais reste assez vaseux. Bref. Le pire est passé.


Le festival aux effets spéciaux  a été critiqué, et je le trouve en effet critiquable, surtout dans le premier quart d’heure du film, qui se passe sur une sorte de planète-plage idyllique, bien trop artificielle à mon goût : on ne tire pas impunément sur la corde d’Avatar… Ca va mieux par la suite, dès que c’est plus sombre et plus spatial, on s’y retrouve. Or, quand on y pense, le film tout entier semble être en images de synthèse, alors que dans les derniers Star Wars, notamment Rogue One, les réalisateurs ont fait un travail à contre-courant qui fait du bien, revenant à des véhicules et des décors réels, des cascades de haute volée et des maquettes, plutôt que de tomber dans le tout numérique. Visuellement, Besson s’inscrirait donc davantage dans la lignée des Star Wars épisodes I, II et III, mais rassurez-vous, on est encore très loin des flops d’un Phantom Menace, ou d’un Independence Day 2. Revenons un instant sur ce dernier (sans conteste le plus mauvais film que j’ai vu cette année), où les acteurs semblaient vraiment paumés au milieu des fonds verts et en donnant l’impression d’avoir été ressortis du placard pour faire marcher le tiroir-caisse : un casting fleurant l’entre-soi doublé d’un je-m’en-foutisme palpable. Valérian, à sa décharge, ne m’a pas du tout donné cette impression.


Le scénario, vilipendé par la critique, ne m’a pas choqué, j’ai trouvé l’intrigue plutôt bien menée, et même si les ressorts scénaristiques sont éculés (à dessein ?), je me suis laissé captiver jusqu’à la fin. Alors certes, ce n’est pas dans de la science-fiction intello à la Moon, à la Arrival, voire à la Interstellar, des films qui nous présentaient tous les trois une réflexion de fond, un scénario très recherché, analeptique, suscitant une réflexion humaniste et la réaction critique. De même, d’un point de vue strictement spirituel, Valérian reste en deçà du Cinquième Elément car la caution spirituelle du film se concentre et se thématise à travers une unique race extraterrestre écolo, une peu comme dans Avatar. Est-ce pour cadrer davantage avec l’esprit original de la bande-dessinée ? Mezières et Christin nous ont en effet habitué à mettre en scène des luttes sociales et des thèmes humanistes : pari gagné dans le film, mais avec 30 ans de retard, d’où le côté has been du scénario, qu’on a l’impression d’avoir vu et revu des centaines de fois.


Justement, même si je comprends tout à fait la critique, j’ai trouvé que l’enchaînement des péripéties du film était fidèle à l’esprit de la BD, tout en s’en démarquant évidemment : nous sommes en 2017, faut pas déconner ! D’une part, le film emprunte de nombreux éléments constitutifs de la BD originale (les personnages, les vaisseaux, le duplicateur) et recompose le tout avec de nouvelles idées plus modernes (le bazar galactique virtuel, notamment, c’est Amazon dans le futur, ça) ! Mais tout ça, on s’y attendait et le gros du travail de Besson s’est concentré dessus. Force est de constater cependant que le film n’excite pas tellement la fibre nostalgique papagamer, sauf peut-être au tout début, mais d’une façon inattendue. Les clins d’oeil à la SF sont nombreux, on ne va pas les recenser ici.


D’autre part, par rapport à l’œuvre originale de Mézières et Christin, je trouve que le film propose un découpage rythmique très similaire à la BD. On passe d’un décor à l’autre, on voyage d’une idée à l’autre, d’une scène à l’autre en moyenne toutes les vingt minutes. Il faut aller sur telle planète chercher un objet pour telle mission, mais ça se passe mal, alors il faut retrouver untel à tel endroit, mais pour celà il faut d’abord régler tel contretemps, etc. Et Valérian et Laureline, c’est exactement ça, ni plus ni moins. Les BD originales ne sont pas de grands chefs d’œuvre ultra médiatisés et bankable, le phénomène Valérian est davantage une lame de fond qui traverse en filigrane tout le cinéma SF depuis les années 80.


Pour finir, il me semble que c’est un mauvais procès de dire que le film est un enchaînement superficiel d’effets esthétiques qui ne servent aucun scénario. Si le film n’apporte rien de neuf à l’univers original de Valérian ou au cinéma SF en dehors de sa technique omniprésente, cette dernière ne choque plus un public averti et désormais habitué aux jeux vidéo. Maintenant, n’oublions pas qu’il s’agit d’une adaptation, et de surcroît d’une BD européenne, qui n’est pas un comics. Il n’y a pas de climax tous les 40 minutes chaque fois précédés d’un suspense insoutenable, de scènes d’action patriotiques sur la Statue de la Liberté ou à la Maison Blanche, ni de final qui déjoue complètement toutes les attentes. L’esprit le la BD originale est respecté et en ce sens, je concède que ce film est une bonne adaptation. Je vous avais prévenu il y a deux ans : il fallait lire avant de voir.

« Hééé ouais les mecs, je m’suis bien fait plaiz’, et vous ? Ben j’men fous ! »

3 commentaires
  1. lamyfritz
    1 Août. 2017 à 16:18 -----> lui répondre

    J’attendais pas des miracles de ce film…

  2. octopaddaone
    1 Août. 2017 à 16:37 -----> lui répondre

    Début août je vais me le faire sur CLIMAX 3D, cher mais je pense que pour ce type de film cela arrache. Après pour l’aspect intellectuel, faut pas tout relier à l’intellect, n’oublions pas le niveau d’un Star Wars, hein, même si cela me fait mal de dire cela !

  3. lamyfritz
    1 Août. 2017 à 18:07 -----> lui répondre

    Ouais, mais au moins dans Star Wars, il y a la Force et le code Jedi…! Et le Melkiok alors, y dit quoi ?

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