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Il y a des jeux qui marquent votre vie de joueur… et des jeux qui bouleversent notre industrie. The Legend of Zelda série grandiose et cultissime de Nintendo est de ceux-là. Cette série est sur la plus haute marche des podiums à octopaddle.fr, en tant que vraie légende du jeu vidéo. Après avoir terminé le dernier opus, Breath of the Wild (BOW), se pose à moi cette question tant redoutée pour tout joueur : faut-il encore jouer au jeu vidéo après un tel jeu ?
Il n’est pas rare d’avoir un épisode de Zelda dans les tops des joueurs. L’aura de cette série et l’attente qu’elle suscite chez les joueurs du monde entier sont uniques et sans équivoque : chaque nouvel épisode est attendu comme le messie et bouleverse souvent l’industrie du jeu vidéo. J’ai toujours, depuis ma plus tendre enfance, eu une affection particulière pour la série Zelda. Je vous le confesse aujourd’hui (mais vous vous en doutiez déjà), c’est ma série préférée. Les causes sont multiples et nous l’avons déjà maintes fois expliqué lors de nos octopodcasts, et en particulier dans l’épisode 5, consacré aux 30 ans de la série.
Cette série a bercé ma jeunesse.
Ce que j’en retiens ? Son immense capacité à me faire voyager (de mon canapé) et à me faire rêver. Je suis un grand rêveur, qui aime la pureté et la magie de notre monde. En cela je me retrouve toujours dans l’œuvre de Nintendo. Et encore plus dans le dernier épisode en date, un vrai appel de la nature et à l’aventure. D’ailleurs, cette série est celle qui me procure le plus de souvenirs de toute ma vie de joueur, pas vous ? Si je vous dis A Link to the past, Link’s awakening, Ocarina of time, Majora’s mask etc., combien d’images vous viennent à l’esprit ? De sons ?? De musiques ?? De boss épiques ???
Mais Zelda c’est aussi cet appel de l’aventure, cette tentation de la découverte, dans un monde magique et enchanteur. Je connais mieux tous les recoins d’Hyrule que mon propre pays, c’est dire ! À chaque Zelda, on repart dans une histoire qui ne se démode pas, une confrontation inépuisable entre le bien et le mal, sans cesse rallumée par ce triangle vertueux qui fait que Link ne serait pas héroïque si Ganon n’était pas son alter ego maléfique. Lien entre les deux ennemis, Zelda ne serait pas si belle et forte si Link n’était pas son preux chevalier. Finalement, Zelda est bien notre conte de fées à nous gamers bientôt quadragénaires, loin des mièvreries de Disney.
Pas de flingues, pas de sang
Pour moi, l’univers de la série offre une pause dans notre actualité déchirée par la médiocrité et la haine. Ici, on évite de prendre le joueur par la main à coup de bla-bla incessants, de cinématiques pompeuses qui singent l’industrie du cinéma. Pas de flingues, pas de sang. J’aime l’approche narrative simpliste de la série. Breath of the Wild rompt avec les canons de la série en laissant intelligemment le choix au joueur de son parcours, fuyant le système « GPSbisosft » qui tue l’immersion. Ci-dessous une vidéo qui reflète bien ma pensée.
On vous expose l’enjeu dès le début, à vous d’y parvenir. En cela, le fait que Link ne parle pas permet une plus forte identification avec le personnage. Miyamoto a toujours voulu que nous soyons le héros. Et pour moi la façon dont Nintendo reste inflexible sur le fait que Link ne parle pas est primordiale (et d’ailleurs BOW l’explique avec une grande intelligence). Je suis Link, je suis le héros. Dans la majorité des œuvres, on nous propose des personnages souvent caricaturaux, et auxquels nous ne pouvons nous identifier, car étant créés de toutes pièces. La série des Zelda ne cherche pas à ressembler à la réalité. Cela reste du jeu, dont sa vocation première et de nous faire voyager, rêver et bien sûr prendre du plaisir.
Nintendo a tapé un grand coup avec Breath of the Wild
Je peux aisément comprendre que la série n’a pas la même influence sur tout le monde. Pourtant, ce dernier épisode en date, qui a conquis beaucoup de joueurs, est MON JEU ULTIME. Nintendo a tapé un grand coup avec Breath of the Wild qui bouleverse autant notre industrie que Ocarina Of Time à son époque. J’ai abordé ce Zelda avec le moins d’informations possible. J’ai fait le choix de ne jamais regarder autre chose que les trailers. J’ai fait un blocus complet sur les infos et tests du jeu. Ceci, je pense, a été bénéfique pour me forger mon avis, manette en main. Cela n’a pas été facile, car je dois dire que ce Zelda était le jeu que j’attendais le plus.
À ce stade du post, je dois me confesser, ami octolecteur : je commence à prendre du recul avec le jeu video. Aucun jeu sorti récemment ne m’a donné l’envie d’aller au bout. J’ai coup sur coup laissé tomber Final Fantasy 15, Mirror’s edge, Watch Dogs 2, Alien Isolation, et j’ai même SUBI Uncharted 4, dont je ne me souviens même plus d’ailleurs. Heureusement que j’ai pu avoir ma dose de jeux Nintendo sur ma WII U, avec des jeux funs et colorés. Afin de préparer au mieux l’arrivée de l’enfant prodige, je me suis refait les remakes de Wind Waker et Twilight Princess. Un plaisir retrouvé, et un ressenti nostalgique qui m’a fait dire à haute voix que Link m’avait manqué. Une centaine d’heures d’aventure, de magie et de plaisir retrouvés sur ces deux jeux et me voilà fin prêt à aborder LE MONUMENT Breath of the Wild.
J’allais vivre une expérience inoubliable
Parlons de l’intro du jeu. Je ne sais pas vous, mais j’en ai plus que marre de ces intros de jeu où on doit passer par moult blabla et tutoriaux lourdingues (je pense à toi Yakuza 0). Breath of the wild, me rappelle l’introduction parfaite d’A link to the Past. On se réveille, on ne sait pas trop ce qui nous arrive, et on part pour l’aventure sans trop savoir où elle va nous mener. Seul, sans chichi, sans blabla. Pour ceux qui l’ont fait, j’ai su dès la sortie de la grotte avec le travelling arrière sur Hyrule, que j’allais vivre une expérience inoubliable. Le monde semblait si vaste, que j’ai immédiatement pris conscience de l’ampleur de la tâche (ou de l’aventure) qui m’attendait. Les premiers pas se veulent fébriles, on découvre un Hyrule en ruine… l’ambiance, calme, épurée et colorée me rappelle qu’on est bien loin du bruit, de la fureur et de la violence des productions actuelles.
Parlons technique désormais. Oui, nous sommes sur une console moins puissante que les Xbox ou PS4 tera-floppées à mort. Mais pourtant le jeu est magnifique. Alors oui, je vois d’ici les contestataires qui vont dire que sur PS4 les jeux auraient eu de plus belles textures et un meilleur framerate. Les amis, je vous répondrai que ce qui fait la beauté d’un jeu c’est sa dimension artistique, pas technique. Personnellement, je trouve que Nintendo a fait le bon choix de design en proposant un style mi-animé, mi-cellshading. La beauté d’Hyrule tient aussi aux détails que Nintendo a intégrés au jeu. Le vent dans les herbes hautes, le reflet verdoyant des prairies, les oiseaux qui s’envolent, les chevaux galopant dans la nature crinière au vent, les lucioles qui brillent à la tombée de la nuit.
Les effets de lumières ne sont pas en reste, avec de somptueux couchers de soleil : je suis photographe amateur, et je peux vous dire que Nintendo a bien respecté l’heure dorée et les magnifiques couleurs que cela donne à la Terre. Comme si Nintendo voulait nous pousser à apprécier la nature, pour ce qu’elle nous donne. Je retrouve d’ailleurs bien ici la philosophie japonaise, de la pureté à l’épuré, d’apprécier simplement et sans effet dramatique supplémentaire (musique lourdingue) la beauté de ce monde. Bref, sans être photo-réaliste, le jeu m’a mis une claque phénoménale, et sincèrement au risque de me faire troller, c’est le plus beau jeu auquel j’ai joué… de ma vie !
Le gameplay n’est pas en reste, et Link se manie avec aisance. Maniabilité hyper souple, sensations manette en main parfaite et précise, notamment avec la manette Pro, donc le gyroscope fait des merveilles pour être super précis avec son arc. Autre point fort, la caméra : ni trop rapide, ni trop lente, elle permet de choisir un angle de vue parfait, quelle que soit la situation dans laquelle on se trouve. D’ailleurs, j’ai pris un malin plaisir à jouer avec, afin de profiter de mes belles chevauchées dans les plaines d’Hyrule, en profitant de la qualité d’animation et des somptueux paysages. Cette baffe graphique fut pour moi l’occasion de réaliser de splendides screenshots de mon aventure : merci Nintendo d’avoir implanté cette feature dans la switch ! Je sais, ce n’est pas nouveau – la PS4 le fait – mais avec ce Zelda, cela prend tout son sens : l’idée première du jeu et du game-design, c’est le plaisir de la découverte. Je ne vous mens pas, j’ai bien dû prendre 2000 clichés de mon aventure… cela représente exactement 2000 moments où je me suis dit « Punaise, que c’est beau ».
Je n’oublie pas non plus la qualité de l’animation. Quel kif de voir bouger les cheveux de Link au vent, mais aussi les arbres, les hautes herbes. Vous allez me dire que ce n’est pas nouveau, et que Witcher 3 le faisait super Bien. Oui, mais voilà, dans Witcher 3, même si l’effet provoquait son Woua effect, sur Zelda cela donne simplement vie à Hyrule. Vous l’aurez compris, BOW a touché mon cœur de rêveur… et je n’ai eu de cesse de m’extasier tout au long de mes 130 heures de jeu.
Je pratique le jeu vidéo pour rêver et m’évader
Vous allez me reprocher d’être un vendu à la cause de Nintendo, que BOW est à la traîne techniquement par rapport aux productions PS4 et consorts, que son histoire est insipide … Et bien, je ne peux qu’affirmer que je pratique le jeu vidéo pour rêver et m’évader, non pas pour m’extasier devant de belles textures qui cherchent à reproduire la réalité, où suivre un scénario qui copie mal le cinéma.
Ici point de tutoriels tuent la mort ou d’histoires sans queue ni tête : dès le départ le joueur comprend la valeur de sa quête. Pour ma part, j’ai perçu le mal, et ce que je devais devenir, me préparer lentement à affronter mon destin. Mon imagination a fait le reste, comme à l’époque d’A Link to The Past. Mention spéciale aux cinématiques, peu nombreuses mais toutes parfaitement maitrisées. Et pour la première fois avec des voix in-game. C’est un plus indéniable, d’autant que la qualité de doublage est parfaite.
J’accepte volontiers que des gens aient pu être lassés, voire déçus par ce Zelda. Je me souviens d’une discussion avec mon compère Octopaddaone, qui trouvait que les donjons manquaient à l’appel. Pour ma part, je salue le courage de Nintendo d’avoir complément bouleversé sa série. J’ai vraiment l’impression que de très longues sessions de brainstorming ont eu lieu à Kyoto pour apporter de la fraîcheur à une série trentenaire, mais aussi pour définir leur vision de l’open world. Je ne vais pas y aller par quatre chemins : pour moi Breath of the Wild met un grand coup de pied au cul à tous les open world actuels. La vision de Nintendo est simple : créer un monde cohérent, par le biais du Game design. Pousser l’exploration en forçant le joueur à aller de partout… et j’ai bien dit de PARTOUT. Ici point de frustrations à se cogner contre un mur invisible, ou bien voir une montagne et se dire qu’on ne peut pas grimper dessus. C’est un rêve qui se réalise pour moi ! Souvenez-vous la première image du jeu par Aonouma il nous disait : « voyez-vous la colline là-bas ? Et bien vous pourrez y aller. Et par plusieurs chemins ». Promesse tenue, et point de Bullshit (hein UBISOFT ???).
Nintendo pour un premier essai d’open world réalise un coup de génie. Voilà, Messieurs les programmeurs, voici notre vision du jeu vidéo semble proclamer Nintendo. Il n’est pas rare de lire ici ou là, qu’il y aura un avant et un après Breath of the Wild. Beaucoup vont me troller : tu vas voir ce que va nous pondre Rockstar avec son Red Dead Redemption 2… Eh bien non les gars. Si Rockstar se concentre sur l’histoire, je reste persuadé que n’importe lesquel de ses jeux n’auront jamais la même finesse ou l’intelligence du gameplay d’une production Nintendo. Et puis pour fermer le ban, je suis sans doute mauvais public : le Far West me branche bien moins qu’Hyrule ;).
L’heure est grave mes amis, je pense que pour moi la page se tourne, enfin.
Voilà, je pourrais continuer des heures à parler de l’impact qu’a eu le jeu sur moi. Sans détour : j’ai joué au jeu de ma vie. Mais après une telle expérience, comment retrouver le chemin d’autres expériences sans lassitude ? N’est-ce pas le moment de m’arrêter de jouer au jeu vidéo ? Voilà la question que je me suis posée après l’incontournable générique de fin. La réponse reste en suspens. J’ai bien essayé de remettre un pied à l’étrier. Mais l’envie n’est plus là… Link, pourquoi m’as-tu fait cela… et je reste sans réponse devant le silence de mon comparse.
Pourtant, j’ai tenté de prendre le Lynel par les cornes. J’ai misé sur Yakuza 0 pour retrouver la flamme. Quoi de mieux qu’un jeu se déroulant au Japon pour rebondir… Même pas une heure manette en main et le jeu est passé par la fenêtre… Bon ok, je sors l’artillerie lourde alors ? Nier Automata, un jeu à la critique dithyrambique par les mecs géniaux de Platinum Games… c’est parfait !! Mais trois heures de jeu plus tard, le jeu ainsi que toute ma collection PS4 sont passés par « la case vente » auprès de l’agitateur de curiosité.
L’heure est grave mes amis, je pense que pour moi la page se tourne, enfin. Et qu’il est temps de ranger les paddles au placard. A moins que…. de la lumière, oui je revois de la lumière… Aiiiiilllllllleeeeeeee… punaise je viens de prendre un méchant uppercut…. Merci ARMS, c’est peut-être ce qu’il me fallait ! Allez je repars sur ma Switch, merci Nintendo !