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George Martin n’ayant pas réussi à faire publier The Winds of Winter avant la sortie de la sixième saison de A Game of Thrones, la série télé prend officiellement le pas sur le bouquin. Ou quand l’image l’emporte sur le texte… Article avec spoilers, évidemment, on ne va pas faire les mijaurées sur Octopaddle : vous savez donc à quoi vous en tenir.
Il s’agit là d’une réaction à chaud : je viens à peine de voir l’épisode 1 de la sixième saison tant attendue, d’ailleurs affublée d’un sous-titrage en français de bonne qualité. Au pire, le niveau d’anglais est largement accessible au commun des mortels, n’oublions pas que la série est destinée à un public américain, très disparate au niveau linguistique et culturel (allez donc comparer le Vermont, l’Alabama et la Californie, vous !). « Fuck the prophecy » dira très prosaïquement notre cher Jaime Lannister à Cersei lors de leurs retrouvailles…
Dans le bouquin, du reste, ces retrouvailles ne sont pas prêtes de se faire. Aussi, cet article s’intéressera principalement à ce que la série nous propose d’emblée par rapport à ce qu’on aurait pu raisonnablement attendre du livre. Au final, on se rend compte, pour les lecteurs dont je suis, que ce premier épisode ne laisse pas présager beaucoup de spoils de The Winds of Winter.
Voyons la situation au cas par cas :
– A King’s Landing : les retrouvailles de Cersei et Jaime avec Myrcella décédée promettent d’emblée un regain de tension avec Dorne. Dans le livre, Myrcella est simplement défigurée par un personnage très secondaire et reste à Dorne, tandis que Jaime est dans la nature avec Brienne de Torth, et Cersei complètement isolée et traumatisée par sa marche à poil dans les rues : on s’attend plutôt à un chaos politique à l’issue incertaine, alors que la série mène plutôt vers une répression brutale des sparrows et un conflit ouvert avec Dorne.
– Dans le Nord : la saison 5 s’étant déjà fortement écartée du livre par le mariage bidon de Sansa, le sacrifice de Shereen et la mort inepte de Stannis, on est toujours dans de la pure invention rocambolesque. Trop en avance sur le livre ? Certes. Comme prévu, Mélissandre tombe complètement de son piédestal, perd toute assurance, et la résurrection de Jon Snow se fait attendre. Mais aura-t-elle lieu ? On attend encore quelques épisodes pour se prononcer. Suspense oblige.
– Dans le sud, à Dorne : quelle agréable surprise que cette mutinerie des aspics des sables envers le prince Doran ! C’est le seul passage qui me semble potentiellement cohérent avec ce qui se passe dans le livre, et qui éclairerait beaucoup de choses. Attendons le livre, maintenant, pour voir si ce spoil se concrétise. Rien n’est moins sûr.
– A Meereen : Tyrion et Varys dans les rues, celà semble improbable pour lecteur que je suis car, dans le tome 5, à la toute fin, Varys (qui avait disparu) est retourné à King’s Landing pour déclencher le chaos et précipiter la chute des Lannister. Mais dans le même temps, Tyrion se trouve effectivement à Meereen, bien qu’il soit encore dans l’anonymat d’un saltimbanque et probablement atteint de la maladie de la pierre (dans la série, c’est Jorah Mormont qui portera ce fardeau). Le bouquin proposera surement, à l’image de ce qu’on voit ici dans la série, une mise en scène de Tyrion se promenant dans la cité esclavagiste en la décrivant à sa façon, ironique et mordante .
– Chez les dothraki : on assiste à un prolongement cohérent et bien mené de la capture de Deanerys. Mais où est passé le dragon ? Comment ont ils capturé Daenerys en sa présence ? Je l’aurais davantage imaginée soumettre toute la horde avec sa bête plutôt que de devenir vaguement une esclave. Mais la série pose l’idée qu’elle doive retourner à Vaes Dothrak, ce qui me semble cohérent avec le livre : retourner là bas, c’est amener à une repolarisation intéressante de ses conquêtes et supprimer purement et simplement le bourbier Meerren.
– Du côté de Braavos : Arya Stark est toujours aveugle, avec une scène de violence gratuite à son endroit, genre : « on va t’apprendre à t’endurcir ». Dans le livre 5, Arya retrouvait la vue après quelques chapitres de bonne conduite, donc la série me semble clairement en retrait sur ce point. Celà montre bien à quel point l’auteur ne sait pas trop où emmener ce personnage et la fait stagner dans une sorte d’apprentissage mystique, la série insistant ouvertement sur sa névrose psychologique et sa souffrance physique. C’est qu’Arya a le potentiel de devenir le personnage le plus intéressant comme le plus inepte de toute la saga. A voir, avec le temps… Comme le reste !