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Qui n’a pas connu les années strass et paillettes des années 80, ne peut vibrer devant les génériques de dessins animés hyper stridents, mais mythiques pour bon nombre de trentenaires de nos jours… Hé oui la France a connu son âge d’or des dessins animés pédagogiques franco-japonais, laissez-moi vous présenter quelques-unes de ces perles tellement pédagogiques, et désormais plus que nécessaires pour n’importe quel papagamer.
L’âge d’or de la jap’anim franco-jap’
Je relatais dans un autre article, ma découverte des mangas via la machine de guerre du Club Do’ sur TF1 et le rouleau compresseur que furent Toriyama (Dragon Ball) et autres Masami Kurumada (Les Chevaliers du Zodiaque). Pourtant avant cette déferlante du Club Do’, existait déjà un univers diffusé à la télévision, digne héritier d’une rencontre improbable entre la culture européenne de la BD (canal historique Belgique et autres Pilote de la grande époque des années 70) et l’univers des Mangakas nippons. Cet univers fut porté par des dessins animés franco-japonais, tels que Les Cités d’Or, Les Mondes engloutis, Ulysse 31 et autres Il était une fois… . Si le but de ces unions franco-japonaises était de percer sur un marché européen, et en particulier français difficile car possédant ses propres codes culturels, la pluralité fut de mise et il y en avait pour tous les goûts. Voici ma petite sélection personnelle, à consommer sans modération avec ses enfants.
« Les mystérieuses Cités d’Or, Esteban Ziaaaaaaa … »
Comme bon nombre de génériques de séries des 80’s, le fond sonore était insupportable et déclenchait des chœurs infernaux au grand désespoir des parents présents… Le pitch était le suivant (wiki source) : « Esteban, un orphelin d’une douzaine d’années qui semble capable d’appeler le Soleil, accepte l’offre de Mendoza, un mystérieux marin, et part vers le Nouveau Monde afin de découvrir les légendaires Cités d’or. Il espère y retrouver son père, disparu lors d’un naufrage dix ans auparavant ». Sur son chemin il rencontre nombre de protagonistes, et découvre – comme les jeunes téléspectateurs – les secrets de civilisations disparues (le peuple de Mu, celle en déperdition des Incas) et la cruauté de la colonisation espagnole.
Série diffusée à partir de 1982, elle l’était de façon fractionnée en début de soirée avant le récapitulatif hebdomadaire de fin de semaine (pour 39 épisodes). La série était une production franco-nippo-luxembourgeoise dirigée par Hisayuki Toriumi. L’équipe française comportait Bernard Deyriès à la réalisation et Jean Chalopin aux scénarii, tous deux à l’origine de la série Ulysse 31 et d’autres (Inspecteur Gadget, MASK, Minipouss et consorts ! Bref respect).
La série des Cités d’Or était une véritable histoire initiatique de jeunes enfants auxquels on pouvait s’identifier aisément (sans parler de la figure du père idéal via Mendoza). L’univers passionnant, avec une pointe de fantastique, narrait la rencontre de la civilisation européenne, américaine ou d’autres plus mythiques (l’Atlantide grecque n’est jamais loin, via le peuple de Mu). Mais la petite sucrerie, qui de nos jours me fait verser une petite larme de nostalgie, concerne le documentaire de fin de générique de 5 minutes porté par la voix chaleureuse du grand doubleur et acteur Jean Topart.
J’écoutais religieusement ces 5 minutes d’éclairage géographique ou historique (bon soyons honnêtes, de nos jours le visuel a bien vieilli, mais l’écoute est toujours aussi religieuse.. pour mes filles !) qui loin d’être anecdotiques sont restées dans ma mémoire. Bien qu’une nouvelle saison fut lancée par TF1 en 2015, son aspect visuel plus simplifié m’a dérangé (économie du coût de production ?) et je reste plutôt attaché à la version d’origine de 1982, disponible en DVD.
« Ulysse 31, c’est moi Nono, l’ Robot… »
Première série franco-japonaise diffusée sur le PAF français entre 1981 et 1982 sur France 3 était une commande de cette chaîne, comme d’ailleurs le prouve… le design de Shōji Kawamori pour le vaisseau d’Ulysse l’Odysseus, reprenant le logo d’alors de FR3 !
Autre originalité de la série, fut sa création : conçue par la société française DIC (pour Diffusion, Information et Communication) de Jean Chalopin, elle fut réalisée par le studio japonais, TMS. Véritable claque visuelle à l’époque, son succès fut important d’autant plus qu’elle utilisait des codes culturels populaires (historiques, mais aussi liés à la science-fiction comme le film de Kubrick 2001, l’Odyssée de l’espace sorti en 1968).

ép. 7 : le mythe de Sisyphe revu, terrible.
Se déroulant au XXXIe siècle dans un monde improbable où la mythologique copine avec la S-F, Ulysse 31 serait l’union dingue entre l’Odyssée d’Homère et les romans d’Isaac Asimov. Le fils d’Ulysse, Télémaque ayant été enlevé par des adorateurs du Cyclope contribue aux déchaînements de la colère des Dieux devant l’impétueux Ulysse qui décide de le sauver plutôt que de se soumettre à leur (in)justice divine…. Son acte de rébellion marque le début d’une terrible malédiction et d’une quête homérique, il va sans dire.
De nos jours, le dessin animé a bien vieilli, l’articulation des protagonistes (et le timbre de certains déjà entendu dans d’autres animes comme l’inénarrable Jean Topart !) sied à merveille à la série. De plus, on a ENFIN le privilège de voir les épisodes en entier (merci le DVD), alors qu’à l’époque… on devait se taper des morceaux de 5 minutes quotidiens, avant l’épisode entier le samedi ! Oui, souvenez-vous !
« La vie, la vie, il était uneeeeeeeeee fois la vieeeeeeeeee »
Ce dessin animé créé en 1986, fut diffusé en 1987 sur la chaîne de TV payante Canal +, puis gratuitement sur FR3. Produit par Procidis d’Albert Barillé, c’est sa diffusion sur le se(r)vice public (fiscalement parlant) – comme bon nombre de petits Français – qui m’a permis de découvrir ce dessin animé de cet âge d’or de la jap’anim franco-jap’ des années 80. Les aventures de Pierrot, Petit gros et autres Psi rythmaient les soirées pré-journal du 20 heures (ou parfois à 20 h 30 pétantes) et nous signifiaient la proximité de notre rancart nocturne avec Morphée. Mais avant cette rencontre quotidienne, quoi de mieux que de découvrir de façon ludique le corps humain et de répondre simplement à nos questions si compliquées pour bon nombre de parents ? Le syndrome parental du « Papa, comment on fait les bébés ? », était alors facilement évacué par ce sain dessin animé franco-japonais, le bien nommé « Il était une fois la Vie ».
Ainsi on découvrait le fonctionnement du corps humain, des cellules, des bactéries… de manière scénarisée et tellement simple. Ha, franchement l’explication des caries (illustration ci-dessus) avec le sucre et le fait que des bactéries creusent les dents et font un chantier destiné à accéder à la racine pour contaminer l’organisme… idéal en ce jour de Pâques pour montrer l’intérêt des brosses à dents à mes filles (véridique et approuvé !) après les kilos de chocolats ingurgités.
À noter que disponible de nos jours en DVD (pas besoin d’HD), d’autres séries ont suivi et se sont ouvertes à d’autres domaines : la conquête spatiale, l’histoire de l’humanité… et sont tout autant intéressantes pour familiariser nos enfants à des questions parfois compliquées, et ce, de façon ludique.
Pour conclure, ces dessins animés ont attisé ma curiosité de l’Histoire et je pense l’ont plus qu’alimentée : ils m’ont grandement influencé que cela soit dans ma formation scolaire et professionnelle, et c’est peu dire. À ce titre, ayant pas mal vadrouillé sur la planète, il est évident que le choix de voyager au Pérou au début des années 2000 ou en Turquie, ne fut pas un hasard : ces dessins animés furent de super supports touristiques (du soft Power avant l’heure donc) pour partir découvrir la grande civilisation Inca des Cités d’Or ou de fouler le sol de l’antique (jamais prouvé d’ailleurs) cité de Troie, proche de colline d’Hissarlik en Turquie… Ulyssssssssssse reviennnnnnnt, quoi 😉
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Un site sympatoche pour creuser le sujet fait en 2002 (yes !) par un fan de la série, et tellement rétro : http://ulysse31.saitis.net/presentation.htm