Temps de lecture : 6 minutes
Comme vous avez pu le constater dans ce mauvais jeu de mots, depuis peu les éditeurs nippons connaissent une forme de renaissance, après une certaine éclipse sur les générations précédentes. Certes les puristes (ou intégristes au choix) diront que ces derniers ne furent jamais en retrait, bien que l’impression était celle d’un soleil en déclin, dont seul les rayons arrivaient encore à donner la banane à une minorité nipponophile perfusée au thé vert et autres bières Asahi. Retour sur l’univers (passé) des jeux jap’ et focus sur leur renouveau actuel : ainsi, le patient loin d’être mort, bouge encore. Petit retour sur ma découverte de l’import jap’, avant d’aborder les générations actuelles dans un second article.
L’ère bénie du jeu japonais…
Il faut dire que le jeu vidéo sans le Japon serait un peu, un gâteau au chocolat sans cacao ou un parti politique sans comiques : bref, une absurdité, un oxymore violent et triste. Quiconque se retrouve ici dans les proses d’octopaddle.fr a sûrement connu l’ère bénie du jeu japonais (désolé pour les plus jeunes, mais je viens de mettre le mode papygeek)… sur papier glacé, faute de budget conséquent pour pouvoir poser sa main sur des jeux lointains et dont le coût prohibitif par l’import était finalement équivalent à la distance en km qui m’en séparait ;).

Paris et Tokyo : 9714.482 kms
N’étant pas Parigot tête de veau, je n’avais pas l’opportunité ado’ d’aller baver dans les rues annexes de République, dont le célébrissime boulevard Voltaire et sa pléthore de magasins JV, dégoulinants de jeux importés sur les consoles reines de mes rêves : Sega Master System, Megadrive et surtout Super Nintendo… .

Dieu que j’ai bavé sur ce numéro de Player de janvier 1991…
Seul mon Player One mensuel me permettait via ses pubs et ses reportages au pays du soleil levant de baver sur de (futures) perles qui bien souvent toujours (!) demeuraient hors de portée de ma pauvre bourse. Faute d’un réseau mondial d’information à l’orée des années 90′ (allô internet, c’est quoi ?), la rareté des informations transmises au compte-goutte par les éditeurs/ fabricants sur tels jeux ou telles machines accentuait nos fantasmes les plus fous et surtout l’envie – ou le rêve – de les posséder.
Quelques jeux japonais qui m’ont marqué….
Hammerin’ harry : de l’arcade à la maison, et en plus tellement jap’ !
- Découvert tardivement grâce au rétro, gamin j’avais toujours rêver de le faire après avoir vu sa soluce dans mon Megaforce (je me souviens encore d’un passage secret, c’est dire 😉
- Psychofox : c’est pas du Dragon Ball mais cela y ressemble 😉
- Wonderboy III – Sega Master system que je n’ai jamais pu avoir, quel regret ! (sauf en émulation !)
- PC KID : cette image est CULTE,car je bavais devant les pubs… d’un jeu jouable sur console de salon (PC Engine)…
- …et surtout sur la PC Engine GT (ou Turbo Graphx aux US), la rolls des portables… un jour elle sera mienne !
Ainsi, le jeu japonais était synonyme de nec plus ultra en raison de son origine qui correspondait à notre Mecque ou Jérusalem à nous les jeunes Gaijin biberonnés aux mangas du Club Dorothée ! Je ne parlerais même pas des reportages que nous engloutissions sur le Japon au travers de plusieurs magazines sur le JV ou des VHS pourries en classe de collège (ha le passage sur le suicide des élèves japonais en raison du poids sociétal sur leurs frêles épaules…, message plein d’espoir pour les collégiens franchouillards glandus que nous étions). Par le biais de toutes ces sources, preuve du poids grandissant du softpower nippon durant les années 90, ces dernières attisaient encore davantage notre passion pour ce pays, pouls du jeu vidéo mondial grâce à ses éditeurs ou constructeurs, et dont nos collèges/ lycées étaient le champ de bataille… .
Petit encart ému sur Player One et son « Made in Japan »
Dans mes premiers Player One (disponibles ici sur l’excellent site Abandonware-magazine.org), magazine de chevet ayant bercé mon adolescence, je dévorais spécialement ces deux pages (ou plus) consacrées aux jeux japonais. Je pouvais découvrir les nouveautés sorties au Japon, jeux mais aussi animes, en espérant qu’un jour prochain elles puissent toucher les rivages de l’Ancien Monde. Malheureusement, Player One a fait évoluer sa formule à partir du numéro #42, visible par sa couverture crayonnée avec Sam Player disparaissant au profit (car plus vendeur) des illustrations de jeux fournies gratuitement par les éditeurs. Et les pages « Made in Japan » furent noyées dans une rubrique plus large « Over The World » (ouverte à d’autres territoires) à partir du numéro #27. Les mangas quant à eux, furent relégués à la fin de la revue (et dédicace – émue – pour les quelques images hentaï très soft parfois visibles 😉 ). Cependant, ne faisons pas la fine bouche, ces pages remaniées restèrent ma seule source d’information sur la production japonaise, et n’ayant pas de consoles japonaises (ou d’adaptateurs hors de prix), ces jeux restaient à l’état de rêve pour ma part, jusqu’à l’arrivée de l’émulation sur PC à partir des années 2000 ou grâce au début de la collection rétro (et les modifications de consoles désormais accessibles, comme je le relatais ici avec ma SNES dépulzonée). Ainsi mon amour du jeu japonais, fut ancré à ce moment-là et ne put que prospérer.
Ma belle-mère en est le parfait exemple

Mais bon dieu, Julien Lepers c’est maintenant, vite la zappette…
Tout cela pour dire que le Japon reste aux yeux de notre génération de trentenaires/ bientôt quarantenaires (ouch !) ce pays du JV forever, bien que ce loisir a fortement changé. La mondialisation des échanges et la massification de son utilisation l’ont transformé, tout comme son ouverture à d’autres publics : parler de JV aujourd’hui est moins puéril qu’hier, même auprès de la génération du Baby boom qui désormais s’y initie : si hier de rares parents squattaient la Game Boy pour tâter du Tetris, désormais c’est mamie qui monopolise la Wii ou s’éclate sur du Candie Crush (ma belle-mère en est le parfait exemple). Cette ouverture – pardon cette massification d’un loisir hier de niche – semblait aussi la fin d’une certaine façon de faire et penser le jeu vidéo, accentuée par le succès du jeu occidental sur le jeu nippon. Alors assistait-on à la fermeture du ban d’une époque révolue ?
Que reste-t-il de nos amours ?
Bien sûr que non ! Pour les purs reste cet eldorado évitant le naufrage du jeu casual, celui des jeux japonais réservés en Occident à une minorité dans sa façon de penser et de se considérer : il faut puiser dans des jeux de niches souvent disponibles en version physique via l’import ou dans le meilleur des cas en dématérialisés. Pensés pour le marché japonais avec ce grain de folie caractéristique, ces jeux sont souvent des J-RPG, du shoot d’arcade ou encore baignent dans le pur folklore nippon si nostalgique à nos yeux de trentenaires (dédicace aux jeux boobesques et/ou encore liés à la tradition historico-religieuse).
Quelques florilèges actuels, tellement jap’… sur console Sony :

Gal*Gun Double Peace : shooter des lycéennes avec ses phéromones pour les faire s’évanouir, classe.

Muramasa Rebirth : La beauté faite jeu

Oreshika, Tainted Bloodlines : créer son clan, copuler avec des déesses et prospérer !
Asura’s Wrath : le jeu le plus WTF de mes 5 dernières années.
Leurs points communs ? Fuir les charts de vente en Occident, parfois être traduit en français et comble de pureté disposer d’un gameplay insondable pour le joueur lambda…. D’ailleurs il est intéressant que Sony de nos jours permette à ce genre de se poursuivre, mais cela sera pour un prochain article !
Petit rajout d’une très bonne vidéo sur des jeux complétement barrés à seigneur- tout honneur : « le collège fou, fou, fou », grâce à une vidéo d’Enkidou :