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Si dans un précédent post, j’ai déjà loué les réelles qualités cinématographiques d’un Mass Effect, on sent depuis quelques années une nouvelle lame de fond qui désormais veut dépasser cette simple dichotomie entre les deux médias. Loin d’être un simple suiveur du cinéma et la maturité aidant, le jeu vidéo semble tenter une nouvelle approche ringardisant le 7e art. Ainsi, le cinéma tel un sprinter asthmatique, tente de le rattraper dans une course de fond perdu d’avance.
Mise en garde : Bien qu’étant sur un site de papa-gamer l’illustration boobesque de cet article ne servira qu’à la démonstration purement scientifique de cet article et cher(e) lecteur/lectrice, n’y voyez pas ici une quelconque misogynie ou autres esprits tordus d’adulsent en manque d’hormones… Car en effet, tombant par hasard (si, si) sur cette photographie mettant en avant le clip du groupe de rock indépendant ruskof Biting Elbows et intitulé sombrement ‘Bad Motherfucker’, je me suis pris au jeu de mater… le clip d’où sont tirés ces implants mammaires qui finalement sont assez fugaces à l’image, nous voilà rassurés donc.
Comme vous pouvez vous en rendre rapidement compte, tous les codes du jeu vidéo sont présents dans ces 3 minutes : violences, actions trépidantes, vue à la première personne (FPS pour les intimes), situations improbables entre courses effrénées, chien qui vole ou Bad guy par milliers, et autres impressions d’ivresse dues à l’invincibilité d’un héros « no name » fondamentalement lié à la volonté d’identification d’un éventuel joueur. Ce clip finalement n’est qu’un avatar d’un quelconque GTA, série iconique jouissive que j’apprécie, bien que sa promotion désormais me fasse souvent gerber par l’overdose de news autour (ce qui malheureusement semble devenir la norme lors de la sortie de chaque épisode).
Produire du ca$h machine supplémentaire
Bien entendu, longtemps le JV a tenté de copier son illustre ancêtre en adaptant moult films en jeu (des Indiana jones de Lucas Arts ou encore l’exécrable E.T. sur Atari 2600… ), et nombreux réalisateurs pour arrondir leurs fin de mois, utilisèrent les jeux vidéos comme produit dérivé devant produire du ca$h machine supplémentaire en abusant les fans de leurs produits. Le père Spielberg est un cas d’école : dans l’excellente 10e émission 24 FPS de Stéphane Bouley sur GameKult (accès premium pour 3€/ mois qui les vaut franchement), ce dernier donne un large panorama des productions spielbergiennes vers le jeu vidéo et les tentatives de productions externes copiant les films de manière détournée, sans pour autant verser de royalties au papa d’E.T.
« Rêve de cuir » version ciné/JV 😉
Certes, dès sa matrice le jeu par son support vidéo fut considéré comme l’un des avatars dominés du cinéma en permettant aux joueurs, également consommateurs de cinéma de se mettre dans la peau de leur héros favori (et prêt à payer pour cela). En effet, ce dernier contribue à une forme d’émancipation du statut figé de spectateur pour devenir l’acteur de sa propre histoire, malgré des trames scénaristiques frigides destinées à coller au film et à sa cohérence (remarquez, si on avait pu convertir Luke au côté obscur et laisser Leila se faire tripoter par Jabba The hutt, cela aurait un peu cassé l’happy end du film).
La plupart des studios l’ont rapidement compris, de la Warner (Batman), en passant par la Fox (Star Wars) ou Universal (Jurassic Park et consorts) et, l’on peut dire avec notre recul de trentenaire, que la qualité des softs laissa souvent à désirer entre 1980-2000 (Batman sur consoles Nintendo étant l’exception et je pense plutôt à d’autres super héros à « collant sous leur slip » maltraités comme Superman ou Spiderman). Cependant, l’essor continu du jeu vidéo dès la fin des années 80 et l’explosion de la rentabilité du secteur en tant que « marché » (qui dépasse le cinéma d’ailleurs) ont amené ces deux industries à changer de paradigmes.
La Revanche des Siths (c) Lamyfritz
Mais pourtant avant de céder la place au JV, le cinéma vil coquin adulte qui n’admet pas que son rejeton puisse le surpasser un jour, tenta une dernière humiliation avec l’horreur ultime… celles des adaptations.Tremblez lecteurs à l’évocation de cette pratique fort populaire durant les années 90 pour abreuver en pures daubes les jeunes cons’ommateurs teenagers en produits dérivés et en films calqués sur leurs jeux fétiches. Petits florilèges… de mes 2 daubes préférées.
2- Super Mario Bros
Alors là je crois qu’avec du recul, j’ai la preuve que la drogue fut une réalité dans le monde du cinéma en le regardant des années après mon premier visionnage, véritable mythe daubesque d’une adaptation ratée d’un jeu en film… certes, faire un film autour de l’univers de Super Mario aurait pu titiller le moindre esprit raisonnable — mais comme ce détail n’est JAMAIS l’apanage de l’esprit d’un jeune ado’ que j’étais — j’ai sombré dans le film corps et bien : mais qu’est-ce que cette histoire INVRAISEMBLABLE n’ayant aucun rapport avec l’univers de Mario pour le moindre fan de Nintendo… ou peut-être en consommant de nombreux opiacés. Si les plombiers et le délire des tuyaux sont bien présents… Exit les tortues, place aux dinosaures, exit Peach place à Daisy, exit le monde coloré place à un univers mad maxien et transformons le chef des méchants Boswer en un Koopa grimé par Denis Hopper…. cette vidéo est un bon résumé….
1- Street Fighter
Alors là si navet il y a, il est quand même possible de faire une bonne soirée avec… N’ayant aucun rapport avec le jeu (les puristes parleront plutôt d’un spin-off) Ce film fut un gros coup de cœur en raison d’un visionnage plus tardif (au lycée) et tellement WTF que l’ado que j’étais accompagné d’une bonne bande de potes avions adoré… Cette œuvre qui se voulait une fidèle adaptation fut une barre de rire tellement les poncifs furent nombreux : une histoire abracadabrantesque, un jeu d’acteur si mauvais, si guignolesque porté par un fantastique Jean Claude Van Damme au sommet de sa forme… qu’un extrait ne pourra que vous convaincre de le voir avec des potes autour de bonnes bières !
Nonobstant, après 2000, d’autres adaptations furent faites et je dois dire que même si la qualité ne fut pas toujours au rendez-vous (Ha Tomb Raider...), d’autres tirèrent leurs épingles du jeu : la série des Resident Evil ne fut pas la catastrophe industrielle annoncée (de bons nanars sans prétention je trouve), ou encore le flippant Silent Hill. Le renouvellement des cinéastes y est pour beaucoup : ayant baigné dans lesdits jeux dans leurs jeunesses, ces derniers purent y apporter un regard gamer et surtout un soin particulier à un univers (avec un minimum de cohérence proche de l’histoire du jeu), en raison du risque d’affronter l’énorme caisse de résonance du net (détail qui change beaucoup de chose désormais).
Alors quel bilan ?
Et bien, au vu des dernières productions sur les générations de consoles ou PC actuels , on peut se dire qu’outre que le cinéma copie désormais sans vergogne le jeu vidéo dans sa mise en scène — voire rougit devant des scénarios bien plus complexes grâce à une interaction que ce dernier ne pourra jamais obtenir — le jeu vidéo prend un nouvel envol et semble prendre son ascendance sur un art qui l’a souvent méprisé. Attention, contrairement à la teneur globale de l’article, je ne crache pas dans la soupe et je reste un cinéfil dans l’âme. Grand amateur de SF ou de films fantastiques, j’apprécie toujours d’aller au cinéma ou de me lover dans mon canapé Chesterfield pour me faire une séance privée devant mon vidéoprojecteur, mais… rendons enfin au JV ses lettres de noblesse.
Les codes du jeu vidéo cités en amont désormais contaminent, tel un virus d’Umbrella, la plupart des productions cinématographiques : un rapide regard sur les gros blockbusters de Transformer, à Star Wars (le I à III en sont la preuve… ) en passant par Le transporteur (quel titre naze pour un film franchement) et j’en passe. Le jeu vidéo a finalement influencé le cinéma, devenu son lointain aïeul. Mais bien sûr dans les quelques titres cités on voit que le cinéma le copie avec maladresse prenant davantage la forme que le fond, conduisant à des films impressionnants techniquement mais mauvais et insipides intrinsèquement.
L’autre convergence de plus en plus visible entre les deux médias, concerne le poids de leurs financements respectifs. Aidé par des budgets plus conséquent, sans avoir les contraintes d’acteurs surpayés et aléatoires dans leurs prestations, le JV semble dicter désormais ses règles aux films grands budgets.
Si certains utilisent ses codes sans les comprendre (qui a dit Michael Bay ? Luc Besson ??), ce dernier est à présent mature pour proposer de nouvelles expériences aux spectateurs devenus désormais joueur du scénario proposé.
Enfin avec une reconnaissance officielle de plus en plus forte (ce qui n’est pas forcément un gage de qualité, mais n’est-ce pas le lot de toute culture populaire ?), une nouvelle étape se dessine avec des jeux, véritables bijoux de narrations, de mise en scène et surtout grâce à un gameplay pierre angulaire d’une immersion totale (les casques de réalité virtuelle ne sont-ils pas l’avenir d’une fusion entre nos deux médias ?) : The Last of Us, Alien Isolation, Witcher 3 ou encore le dernier Metal Gear Solid V qui tous démontrent que désormais le player 2… win.