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Le jeu vidéo est-il devenu plus fort que la philosophie ? En tant que papa gamers débordés et tiraillés entre obligations familiales et professionnelles, il nous arrive parfois de nous demander : « Qu’est-ce qu’un homme ? »
Foultitude d’images nous apparaissent alors à l’esprit, du macho à l’homo, de l’homme fort à l’homme réfléchi, en passant par Homer Simpson et autres Amercian Dad. Tous les plus grands penseurs, philosophes et poètes se sont cognés sur cette éternelle question. Mais qui aurait cru qu’en 2015, la réponse à des siècles d’interrogations serait simplement donnée par un jeu vidéo de Konami ? Peut être que certains ont déjà compris qu’il s’agissait de l’immense Castlevania: Symphony of the Night sorti sur Playstation en 1997, et qui reste à mes yeux le meilleur jeu de plateformes en 2D jamais réalisé.
J’avais raconté lors de mon arrivée sur ce blog à quel point le personnage d’Alucard, personnage principal de Castlevania: Symphony of the Night, était important dans ma construction personnelle. Alucard, fils de Dracula et d’une humaine, est un parfait symbole de résilience, faisant la synthèse de ses deux origines contradictoires tout en rejetant sa « cursed bloodline« .
Le château de Dracula, qui revient dans le monde des humains à intervalles réguliers (et permet donc de relancer la saga) est un mythe de portée psychanalytique à lui tout seul. Celui-ci n’est pas aussi marqué dans l’œuvre originelle de Bram Stoker, et ce sont vraiment les jeux vidéo Castelvania qui lui ont donné cette dimension. Le château de Castelvania représente en effet la demeure familiale au sens sacré, une métaphore du psychisme associé à la famille, qui dans nos vies revient tous les ans pendant les grandes fêtes officielles, de à Noël à Pâques en passant par Pourim, Hanoucca, ou l’Aïd El Kebir, et j’en passe. Ces fêtes sont toujours liées à une obligation de retrouver sa famille, et même si ce n’est pas le cas, toute la société autour de vous conspire pour que vous y pensiez malgré tout.

Castlevania, Symphony of the Night
Au final, que dit Alucard ? Que pour être un homme, il faut tuer le père. Mais il serait absurde de s’en tenir à cela. Ce serait oublier un personnage essentiel du jeu : Richter Belmont. Ce chasseur de vampires « historique » de la série des Catlevania est brièvement incarné par le joueur au tout début du jeu, dans une sorte de flashback où l’on affronte Dracula lui-même: une séquence final stage puissante et osée où l’on est projeté dans le cœur de l’action au maximum de puissance, pour rencontrer un boss final et l’affronter en moins de 5 minutes de jeu. C’est un moment unique qu’on n’a jamais retrouvée dans un autre jeu vidéo, et qui fait passer le reste du jeu pour un anti-climax d’une dizaine d’heures.

La « vraie » fin du jeu : c’est du lourd !
Venons-en donc au fait. Juste avant le combat contre Dracula, il se produit un dialogue croustillant entre Richter et le maître des lieux. Ce dialogue est considéré comme culte, à l’instar des autres scènes de dialogues du jeu, de par leur côté kitsch et grandiloquent, avec des tournures de phrases frisant avec l’Engrish. La question centrale posée par Dracula à Richter est « What is a man ? » à savoir « Qu’est-ce qu’un homme ? » entre autres déclarations à valeur morale…
Si l’on considère que le réseau internet est la plus grande source d’informations au monde, qu’il est de portée universelle, et qu’il rassemble la totalité des connaissances philosophiques antiques et modernes, il est juste incroyable de constater que lorsque l’on tape la question « What is a man » sous Google, la première réponse donnée est un lien vers cette fameuse vidéo, représentant le dialogue entre Richter et Dracula. Je vous laisse donc ici apprécier la solution universelle à un des plus grandes énigmes philosophiques de l’humanité.
Comme qui dirait, on mâche le travail aux générations suivantes.
Konami : 1
Kant, Descartes, Nietzsche, Platon… : 0