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Nouvelle rubrique sur octopaddle.fr : nos bouses préférées qui nous ont fait rager, pleurer et exploser des paddles par centaines…. bref nos plus beaux jeux rétro(n) préférés pour suivre une description scatovidéoludique. Aujourd’hui, j’ouvre le bal avec Populous de sieur Molyneux sur Sega Master System paru en 1991, et qui hante parfois encore mes nuits.
Revenons en cette année 1991, année de changements politiques avec la fin du géant soviétique, précédé par le déchaînement de la tempête du désert américaine en Irak, lors de la première guerre du golfe, ultra médiatisée via CNN …. bref, entre cet élan de liberté à l’Est et la frappe chirurgicale – aussi précise qu’un marteau pour planter une aiguille au Moyen-Orient – sortait en ce beau mois de mars 1991, Populous de TecMagik sur ma Master System chérie. Oh certes, bon nombre de lecteurs du blog pourront me reprocher un jeu qui reste un excellent titre de gestion stratégie d’après eux : étant un « god game », littéralement un jeu où le joueur est un dieu et non un ustensile sexuel, on se prend donc à soutenir une population chérie, à l’aider ou au contraire déchaîner sur ses frêles épaules les catastrophes climatiques les plus cruelles : volcanisme, tempête, séisme … . Le jeu sortie en 1989 sur les ordinateurs de l’époque (Atari, Amiga, …) avait bénéficié d’une très bonne presse, obtenant même chez Tilt (premier mag consacré depuis 1982 aux jeux ordinateurs puis consoles en France), le recherché Tilt d’or du jeu de stratégie en 1991 sur Super Famicom.

MDR, devant un génial Sim City, le Populous … lol Tilt.
Ainsi, une horde d’aficionados l’ont porté au nu sur les ordi 16bits puis sur les consoles … 750 000 versions vendues en 1991 d’après Wikipédia, tout de même. Donc on peut parler d’un succès commercial et du début de la carrière d’un Peter Molyneux devenant du jour au lendemain riche et connu aux yeux d’un plus large public. Mais le Molyneux qui prit vite le melon (ha là là son pipo sur son Fable sur Xbox et son monde « ouvert », hahahaha qu’on était crédule à l’époque, heu c’était il y a quoi … 10 ans ?), me le fit déguster par les pépins avec son god game, qui pour ma part me fit plutôt l’effet d’un vrai (gode), tant ce jeu me fit mal au fondement de l’avoir acheté. Mais pourquoi une telle haine devant un jeu qui fut un succès et consacra un genre pour des milliers de joueurs ?
le jeune joueur boutonneux, aux portes de la puberté, ne pouvait que titiller devant un tel synopsis
Tout d’abord, la jaquette qui m’attira dans mon supermarché du coin : colorée avec UNE photo au dos (étrange, non ?) et une présentation sur le verso des plus alléchantes, à laquelle est accolée un fumiste macaron « ACTION ».
« Voici l’occasion de jouer à Dieu …. construisez en une semaine un monde pour le détruire en une minute …. conquérez plus de 5000 mondes etc … » bref, avec un tel descriptif, le jeune joueur boutonneux aux portes de la puberté ne pouvait que titiller devant un tel synopsis !! Je me vis déjà en la réincarnation d’un Zeus ou d’un Shiva déchaîné… tremblez pauvres mortels … D’autant plus, que la jaquette avec cette image de fin du monde face à la violence des éléments, décupla ma curiosité et surtout mon envie … putain de commerciaux/ marketeux des 90′. Sortant mes 350 francs de l’époque (76 euros en 2013 avec l’inflation), dûment économisés par de nombreux travaux chez mes aïeux chéris, ces derniers (mes économies, pas mes grands-parents) furent engloutis dans ce jeu, et cruel souvenir, avec le sourire aux lèvres … Non mais allô quoi, STOP ! Mais pourquoi ce jeu et pas un autre ? Punaise pourquoi ne pas avoir choisi un Sonic 2, un Psycho fox ou encore un jouissif Wonderboy III ?

Sonic 2

Wonderboy III
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Psycho Fox
Bref des jeux, oui de VRAIS jeux … et bien jeune lecteur – et pour ceux moins jeunes, vouivoui je parle de vous là, au fond de la classe près du radiateur – et bien tout simplement en 1991 les rayons jeux vidéos dans les supermarchés se réduisaient à peau de chagrin, sans parler des chefs du dit rayon – qui à l’image de ce que l’on peut trouver encore de nos jours – garnissaient leurs étalages avec du jeu vidéo, comme ils pouvaient le faire la vieille avec des légumes ou des culottes, bref avec l’œil du connaisseur avisé, mûrissant ses choix par une réflexion posée et nourrie par de nombreuses lectures… . Vous l’avez compris, en ces temps où internet n’existait PAS (oui, ce fut une triste réalité), où seule une presse spécialisée était réservée à un public ciblé et donnait au jeu vidéo un rang de loisir immature, bien peu d’adultes avaient une lecture différente de ce média, et pouvaient en porter un regard avisé. Devant l’absence de conseils pertinents, tant d’une presse pourtant adulée que d’un éventuel vendeur honnête, je sautais le pas et me dirigeais vers la caisse. Fébrile, je tenais mon précieux sous le coude et dévorais lors du trajet retour l’unique photographie du jeu au dos de la jaquette, me plongeais dans sa notice en bleu et blanc… Mon premier doute fut sur les screenshots dans la notice : ils semblaient fouillis, peu détaillés, mais bon hein pas de problème c’est un bon jeu, oui oui me dis-je en mon for intérieur… si, si j’y crois… arrivé au domicile familial, je fonçai dans ma chambre, où je pus monter la petite TV de la cuisine (hé oui pas de TV individuelle, et ce ne fut pas un mal avec du recul, je me suis bien rattrapé depuis 😉 pour essayer mon jeu. J’introduisis fébrilement dans la fente de ma SMS la cartouche, poussa le bouton ON … et là : LE choc.

Voilà à ce que je pensais, je suis Dieu … à moi le déchaînement des éléments (ici l’Arménie en 1988, et cela ne fut pas malheureusement un jeu)
Voici le résultat 8 bits par Peter Molyneux…
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Tu la sens… la quenelle lyonnaise ?
QUOI 350 francs cette bouse ????
Comment décrire ce que je pus ressentir devant la nullité des graphismes, la jouabilité digne d’une compétition paralympique et des bruitages portant Laura Fabian et autres Céline Dion au pinacle de la chanson française… mais que c’est laid, mais que c’est laid … bon ok, je me dis, « ce n’est pas le graphisme qui fait le jeu, hein, si, si, hein… heu mon Gameboy il n’est pas en couleur et portant, Mario ou Zelda cela envoie du lourd ! » … Ha jeune padawane innocent et surtout rempli d’espoirs inutiles …. en faite, après quelques minutes de jeu, je passa du questionnement à la fureur : QUOI 350 francs cette bouse ???? QUOI mes économies d’une année dans ça ? COMMENT faire pour l’échanger ou le prêter, personne n’en voudra !!! Ben oui, car à cette époque, les jeux s’échangeaient dans les cours des collèges permettant de faire tourner un vivier restreint (sauf pour les plus riches, sales bourgeois !)… Je me revois regarder mon écran, littéralement une bouillis de pixels laids, lents et en plus avec une difficulté certaine. Punaise, ok sur ordinateur, on peut l’accepter, d’autant plus qu’à cette époque l’achat n’était pas une obligation sur ce support si vous voyez c’k j’veux dire 😉 et permettait de se faire un VRAI avis sans regretter ses 350 francs … . Cruelle leçon de vie, j’ai pris conscient à ce moment là de mettre fait méchamment couillonné, bref une belle quenelle d’or dédicacée par Peter Molyneux. D’autant plus douloureuse, car bien sûr ce jeu comme une MST qui ne voudrait pas vous quitter, ne fut pas revendable … et j’ai du me l’isoler Vade Retro Satanas dans le coin d’une boite à chaussure jusqu’à la fin de vie de ma Master system, et l’arrivée d’une Megadrive, puis d’une SNES… Non radines en bouses cosmiques d’ailleurs… mais là, cela sera l’objet peut-être d’un autre post !